[dropcap]P[/dropcap]aru en mars 2018 dans l’excellente collection Rouergue Noir, Par les rafales avait révélé la voix de Valentine Imhof à travers un texte fort et nerveux, une plongée dans un monde aussi sombre que violent. La cavale d’Alex, personnage central au corps tatoué de citations littéraires, avait laissé des traces dans la mémoire des lecteurs de ce premier roman incandescent, dont la bande originale avait ravi plus d’un amateur de bon son.
Après avoir exploré l’univers du tatouage, Valentine Imhof poursuit ici sa plongée dans les mondes interlopes et immerge ses protagonistes dans les backrooms (…) . La frilosité n’est pas de mise, c’est la course au vertige, aux sensations fortes, qui prévaut ici.
D’incandescence il sera encore question ici, avec la parution de ce Zippo, qui n’a rien à envier à son prédécesseur niveau noirceur. Après avoir exploré l’univers du tatouage, Valentine Imhof poursuit ici sa plongée dans les mondes interlopes et immerge ses protagonistes dans les backrooms où se rencontrent chaque nuit des amateurs de pratiques BDSM et de bondage. La frilosité n’est pas de mise, c’est la course au vertige, aux sensations fortes, qui prévaut ici.
Ville de Milwaukee. De jeunes femmes blondes aux visages entièrement brûlés sont retrouvées mortes sur les bancs de Lincoln Park. Les lieutenants Larström et McNamara sont chargés de retrouver au plus vite l’assassin pyromane qui rôde dans la ville. Mais l’enquête ne se déroulera pas comme prévu et chacun d’entre eux devra affronter sa part de ténèbres avant même de se confronter au tueur.
L’histoire, en réalité, commence quelques années plus tôt, par une rencontre, comme souvent, une histoire d’amour entre un homme et une femme fascinés par des jeux érotiques de plus en plus extrêmes, qui les pousseront à l’irréparable. La jeune femme, prénommée Eva par son amant, disparaît brutalement. L’homme part à sa recherche et c’est par sa voix que s’ouvre le roman.
Zippo est donc le récit de cette traque que mènent Larström et McNamara mais leur histoire personnelle prendra peu à peu le dessus sur l’aspect professionnel de cette chasse à l’homme. Pour les personnages de Valentine Imhof, ici comme dans Par les rafales, le passé est un poids et il est inutile de le fuir, impossible de s’en défaire. Là où le lecteur aura d’abord l’impression que certaines coïncidences sont un peu grosses, se dessinera finalement un drame au sein duquel le hasard n’a pas sa place. C’est cette collision de parcours individuels marqués par la souffrance qui donne sa force au texte. L’univers BDSM dans lequel se déroule une partie du roman vient ajouter une touche de noirceur à cette trame déjà empreinte des douleurs de chacun(e). Celles et ceux qui ont lu le terrible Lykaia de DOA paru l’an dernier se souviendront de ce texte à la lecture de certains passages de Zippo mais Valentine Imhof ne pousse pas aussi loin les descriptions même si elle ne s’interdit rien et n’hésite pas, une nouvelle fois, à bousculer son lectorat, nous forçant à ouvrir les yeux sur une réalité que nous côtoyons sans jamais y être directement confrontés.
On retrouve donc dans ce deuxième roman les ingrédients qui avaient fait de Par les rafales une réussite, ce mélange de noirceur et de nervosité, ce rythme frénétique accompagné par une bande son électrique et brûlante qui achèvera de consumer le lecteur.
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Zippo de Valentine Imhof
Paru aux éditions du Rouergue noir, Octobre 2019
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Chronique qui donne envie d’ouvrir le Zippo pour allumer ce qui est chroniqué
Je rêve de chroniques littéraires vocales, ça permet de prendre son p’tit dej en regardant le ciel