[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]D[/mks_dropcap]isciple et héritier de Katsuhiro Ōtomo et Mamoru Oshii, le regretté Japonais nous a laissé une œuvre remarquable au style singulier dans le paysage de l’animation japonaise, mêlant onirisme et métaphysique.
Né à Hokkaidō, le jeune Satoshi Kon s’intéresse très tôt au manga et à la science-fiction. Grand admirateur de Dōmu, le manga de Katsuhiro Ōtomo, il deviendra son assistant sur l’œuvre maîtresse de ce dernier, Akira. Par la suite il se dirigera vers l’animation, formé toujours par ce même mentor et entamera une collaboration avec Mamoru Oshii, le créateur de Ghost in the Shell, sur Patlabor 2.
En 1997 il passe à la réalisation avec Perfect Blue. Produit par le studio Madhouse, alors en pleins déboires à l’époque. Le succès retentissant de ce coup d’essai favorisa le redressement du studio qui finança toutes les autres productions du natif d’Hokkaidō. Le premier film de Kon’s traite de ce phénomène typiquement japonais que sont les idoles de J-Pop et du fanatisme malsain qui gravite autour d’elles. Jouant constamment entre rêve et réalité via ce personnage de Mima qui sombre progressivement dans la folie, Perfect Blue inspirera un certain Darren Aronofsky et son Black Swan. Ce dernier ira même jusqu’à reproduire certaines des séquences les plus emblématiques du métrage du nippon.
En 2002 il réalise Millenium Actress, qui relate la carrière d’une grande actrice au travers de flashes-back où s’entremêlent les moments de sa vie et des scènes de films dans lesquels elle joua. Une œuvre toujours axée autour de cette thématique de réalité subjective et sur les trompe-œil. Toutes ces thématiques et idées sont par ailleurs brillamment illustrées, d’un point de vue cinématographique, grâce à un montage dont la virtuosité a été particulièrement analysée. Un style qui puise dans le cinéma américain et notamment le film Slaughterhouse Five de George Roy Hill qui a les mêmes procédés de montage.
En 2003 il enchaîne avec Tokyo Godfathers, porté davantage sur des thèmes sociaux et qui nous faire suivre les pérégrinations de sans-abri à la veille de Noël.
Puis il réalise une série télévisée, Paranoia agent, de 13 épisodes indépendants les uns des autres et toujours autour des mêmes obsessions. La série est célèbre pour son générique loufoque.
Enfin en 2006 sort Paprika, son chef d’œuvre selon lui et pour lequel il remporte de nombreuses récompenses dans des festivals internationaux. Cet ultime long-métrage de science-fiction est une adaptation libre d’un roman de l’hyper fictionnaliste Yasutaka Tsutsui. L’écrivain japonais fut l’influence littéraire principale de l’œuvre de Kon’s.
Paprika, qui est aussi d’inspiration dickienne, nous raconte l’invention de machines permettant d’entrer dans les rêves des gens. Cependant leur usage est détourné à des fins manipulatrices en pénétrant dans l’inconscient des individus. Un synopsis qui rappelle le fameux Inception de Christopher Nolan qui revendique l’influence du film. Abordant toujours ce même mélange entre rêve et réalité, Paprika symbolise la quintessence technique et esthétique du cinéaste. Une œuvre tortueuse, surréaliste et d’une générosité folle.
L’année suivante il participe à une série de court-métrage produite par la NHK avec d’autres grands de l’animation japonaise, il réalise ainsi sa dernière création, Ohayō, avant de disparaître prématurément en 2010. Il nous laisse l’ébauche d’un dernier film sur lequel il travaillait, Dreaming Machine. Projet décrit comme un « road movie pour robots » et avec tonalité plus ghibliesque. Satoshi Kon voulait que son équipe achève son film mais malheureusement pour des questions financières les producteurs de Madhouse n’ont pas encore pu accéder à son dernier souhait.
c’était un grand lui :-(.