[dropcap]À[/dropcap] la fin des années 70, Michel Berger est un auteur-compositeur reconnu auprès de ses pairs et apprécié du public. Après avoir, durant la décennie, relancé les carrières de France Gall et de Françoise Hardy, avec l’album Message personnel, il triomphe en France et au Québec avec l’opéra rock Starmania. Cependant, ses velléités de chanteur n’ont encore convaincu réellement personne, à l’image des titres Écoute la musique en 1973 ou Seras-tu là en 1975 qui ne rencontrèrent que très peu de succès à leur sortie.
Cette avanie sera réparée en 1980 avec son cinquième album, Beauséjour, sorti le 23 janvier. L’album tient son nom de la villa parisienne qu’il occupe alors avec sa compagne France Gall et leur fille Pauline.
Le premier titre publié, La groupie du pianiste, morceau délicieusement paradoxal par sa rythmique accrocheuse qui s’oppose à des paroles profondément mélancoliques, emballe immédiatement le public qui découvre enfin l’artiste en tant que chanteur. Ce premier tube de la carrière de Michel Berger s’écoule à 400 000 exemplaires. Il donne le ton du disque et de ceux à venir, des textes parfois sombres voire dépressifs posés sur des musiques luxuriantes. De la chanson douce-amère où l’artiste raconte sa vie tout en pudeur et sans jamais tomber dans le larmoiement.
D’autres titres de l’album finissent d’asseoir la célébrité de Michel Berger, à l’exemple de Celui qui chante, véritable réponse en miroir à La groupie du pianiste ou ses Quelques mots d’amour qui deviendront des classiques du répertoire de l’artiste.
Son statut de compositeur n’est pour autant pas en reste car la même année, France Gall vend 800 000 exemplaires de son hommage à Jerry Lee Lewis avec la chanson Il jouait du piano debout, tirée de l’album Paris, France qui sera disque de platine. Décidément, les touches noires et blanches portent chance à Michel Berger !
L’année 1980 est donc bien celle de l’apothéose pour cet artiste prolifique qui quitte enfin son statut d’homme de l’ombre pour entrer dans la lumière des projecteurs comme chanteur. Une reconnaissance qu’il aura attendu près de 20 ans après la sortie de son premier titre, La Camomille, en pleine période yéyé. À 33 ans, Michel Berger peut enfin savourer le fruit de sa patience et de sa persévérance. Beauséjour, son album de la maturité, lui ouvre les portes d’un succès qui ne se tarira pas jusqu’à son décès prématuré en 1992.
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Michel Berger – Beauséjour
Sorti le 23 janvier 1980 chez WEA
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