[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]30[/mks_dropcap] juin 1992, en pleine folie grunge, un petit bout de femme d’une vingtaine de balais, sortant d’un trou perdu du Dorset, balance son premier album, mélange de journal intime et d’uppercut dans l’estomac : Dry.
Dry de PJ Harvey, porté par ces 2 singles ravageurs, Dress et Sheela-Na Gig, ne passe pas inaperçu, Kurt Cobain le classe dans ses 50 albums préférés, la critique rock de l’époque ressort les clichés du rock féminin et tisse de suite un lien vers Patti Smith, que la jeune Polly Jean connaît à peine.
C’est tout simplement un des meilleurs disques de rock des années 90, le plus cru, le plus dépouillé de tout artifice. Rid Of Me, avec l’aide de Steve Albini, ira encore plus loin dans la violence et la nudité, l’année suivante mais Dry a le charme des découvertes inattendues d’une artiste d’exception .
Au delà de la connotation sexuelle du titre, et malgré le final Foutain/Water, Dry porte bien son nom, disque sec comme un coup de trique, raide comme la justice, l’album m’avait littéralement impressionné, voire même un poil effrayé.
Si Polly Jean Harvey attire forcément tous les regards à elle, on ne peut mettre de côté le rôle essentiel du bassiste Steve Vaughan et du batteur Rob Ellis, on pourrait même considérer que PJ Harvey est ici un trio. PJ et Rob s’étaient d’ailleurs croisés auparavant au sein d’Automatic Dlamini, dans lequel jouait également John Parish qui la retrouvera plus souvent qu’à son tour avec tout le succès que l’on sait.
Dans une Angleterre clairement orientée dance-floor, PJ va chercher ses influences chez Slint, Captain Beefheart ou le Surfer Rosa des Pixies et écrit des chansons qu’elle ne destine qu’à elle même. Quand il lui est donnée l’occasion de les enregistrer, elle imagine déjà que cela sera sans suite.
On connait la suite de l’histoire, qui sera tout autre. Le sentiment de solitude et d’urgence donne cet album si personnel, comme si c’était le dernier et sur lequel. PJ et ses 2 compères (plus quelques autres, dont Chas Dickie au violon sur l’extraordinaire Plants & Rags), s’exposent et se mettent à nu comme s’ils jouaient sur un vieux disque de blues chargé de désespoir.
Happy And Bleeding est peut-être la chanson qui résume le mieux le propos du disque, mélange d’humour froid et de violence sauvage. Sorti sur le défunt label Too Pure, Dry est une véritable claque, œuvre de jeunesse d’une artiste aujourd’hui majeure.