[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]B[/mks_dropcap]on, allez, soyons un peu déglingos et jouons franc-jeu : à l’origine, pour ce concert, un live report était totalement exclu. Pour pouvoir me justifier auprès de mes cheffes, plus tyranniques l’une que l’autre, vous vous en doutez, j’avais préparé des arguments bétons, imparables :
Un : deux excellents live report ont été faits il y a près d’un an sur les artistes en question (ici et là).
Deux : plutôt qu’un live report, une interview croisée des artistes serait plus intéressante (et en plus, comme les deux se seraient auto-interviewés, j’aurais pas eu besoin de bosser les questions. Pas con hein ?! )
I-M-P-A-R-A-B-L-E-S je vous dis.
Bien sur, vous vous en doutez, rien ne s’est passé comme je le prévoyais.
Rien de grave hein, mais des circonstances particulières ont fait que je n’ai pu faire l’interview rêvée. Reprenons depuis mon entrée au 6par4, à Laval, ce 11 février.
Donc, j’arrive dans la salle, à 17 h30 tapantes, sous la pluie, après quelques minutes d’attente et découvre le nouvel aménagement de la salle. L’entrée n’a pas changé, le bar non plus, l’emplacement de la console encore moins. Non ce qui a changé c’est la fosse, aménagée pour recevoir des campeurs, avec chaises longues sur les côtés, tapis sur le sol et coussin jonchant les tapis. Bref, une ambiance cosy, idéale pour un concert en toute intimité.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]À[/mks_dropcap] voir la scénographie, on devine d’emblée qui va commencer entre Gareth Dickson et House Of Wolves. Un projecteur sur la scène, juste devant, une chaise ; entre le projecteur et la chaise, des pédales, sur la droite un mannequin, sur la gauche une plante grasse en pot et sur la chaise, devinez qui ? Gareth Dickson.
L’Écossais revient donc en France dans des conditions moins chaotiques que sa dernière venue (je n’ai jamais fait le live report de Caen, dans un garage à vélo, mais le peu que je peux vous en dire est que le concert a laissé des séquelles à Gareth Dickson et traumatisé le boss de son label Français). À vrai dire, les conditions dans lesquelles se déroulent le concert sont optimales : un public présent en nombre (pas loin d’une centaine), une acoustique formidable, un Gareth Dickson détendu et concentré, et une quarantaine de minutes passant comme un souffle.
Après, me concernant pour mon troisième concert, je dois dire que celui-ci fut probablement le plus abouti, celui où l’Écossais a déployé la virtuosité de son jeu de guitare avec une aisance rappelant les grands Primitivistes Américains (genre Robbie Basho ou Glenn Jones) notamment sur Technology ou This Is A Kiss. D’ailleurs, plus que Nick Drake, auquel il est aisé de le comparer, ses morceaux évoquent de plus en plus une sorte de John Fahey réinterprétant le répertoire de Brian Eno, créant ainsi une espèce de primitivisme ambient. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’à l’écoute, c’est assez subjuguant et très impressionnant (je me demande toujours à l’heure actuelle où était planqué le second guitariste).
Autrement, fait notable par rapport aux représentations précédentes, le français de l’Écossais s’est considérablement amélioré, Gareth pouvant faire une phrase en étant compréhensible et, surtout, il fait preuve d’un sens de l’humour de plus en plus absurde (nous présentant le mannequin à ses côtés comme son ami imaginaire ou encore en nous prévenant qu’il allait foutre le feu sur le dancefloor avec son dernier morceau). Bref Gareth Dickson a encore livré une superbe performance, toute en sensibilité et virtuosité, à l’image de ses albums.
Mais alors, si le concert s’est déroulé à merveille, il est où le problème ? Pour quelle raison l’interview croisée n’a-t-elle pu avoir lieu allez-vous vous demander ?
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]e que vous ne savez pas, c’est que pendant le concert de Gareth Dickson, assis sur une chaise devant la console, l’air mal rasé, capuche sur la tête, se trouvait Rey Villalobos qui devait se poser la question de savoir s’il allait ou non faire son concert.
Parce que le garçon, trois jours plus tôt, lors de son set à Caen, a eu l’excellente idée d’attraper le virus de la grippe. C’est donc dans un état déplorable, fiévreux, une soute à bagages sous chaque œil et toussotant, que l’Américain monte sur scène accompagné d’Olive, sa violoniste Française. Et là, je dois dire que la performance de Villalobos fut plutôt émouvante. L’Américain monte sur scène en nous prévenant d’emblée : I’m sick and tired, I have a flew accompagné d’un I’m like shit. Puis il commence son premier morceau. Si musicalement c’est superbe, au niveau chant, sa voix s’éraille doucement, ne pouvant aller aussi haut qu’à son habitude. Villalobos s’en excuse à la fin non sans humour, nous disant qu’il allait « Lou Reeder » son chant tout du long. Sauf que, dans l’état où celui-ci se trouve, il lui sera quasi impossible de jouer sereinement. Il parvient tout de même à maîtriser sa toux lors des chansons mais la refrène difficilement entre deux. Le problème, c’est qu’à chaque nouvelle chanson sa voix lui échappe, lui laissant ce commentaire un peu amer : it’s a whisper concert. Si vous ajoutez à cela une condition physique qui s’amenuise, l’amenant parfois à raccourcir certains morceaux, au grand dam de sa soliste, voire à ne pas les jouer, vous vous retrouvez avec un set qui, en lieu et place de l’heure prévue, ne durera qu’une petite trentaine de minutes, laissant Villalobos désemparé, remerciant le public (d’une superbe bienveillance), quasiment en murmurant, d’avoir été aussi prévenant avec lui. Il n’empêche que, si sa performance n’a pas été aussi parfaite qu’à St Lô, elle fut en revanche bien plus touchante, d’une émotion à fleur de peau et d’une très belle générosité.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]M[/mks_dropcap]aintenant, vous comprenez pourquoi l’interview croisée était impossible. L’équation Villalobos + grippe + fièvre + Gareth Dickson était intenable en l’état. Dommage pour vous, car je suis sur que le résultat aurait pu être surprenant mais s’adapter aux aléas des situations est une condition quasi sine qua non pour faire partie d’Addict.
En attendant, ceux présents dans la salle (votre chroniqueur y compris) ont particulièrement apprécié les concerts et après tout, c’est le résultat escompté non ?
Alors, nous voilà arrivés au terme de ce live report, c’est donc le moment de Druckeriser mon article : je tiens donc à remercier le 6par4 pour cet excellent moment, Christophe de Discolexique pour sa gentillesse, Lau Lexicco pour ses excellentes photos, les artistes pour leurs performances et mes cheffes pour avoir rendu ce partenariat et ce moment possibles.