[dropcap]L[/dropcap]es enfants des années 80, dont je fais partie, ont eu le plaisir et le privilège de découvrir sur le petit écran les premiers animés japonais ou co-productions franco-japonaises. Au panthéon des héros de notre enfance trônent ainsi de nombreux personnages parmi lesquels le puissant Goldorak, la malicieuse Candy, le courageux Ulysse 31 ou le téméraire Albator. Autant de merveilleux souvenirs, vestiges d’une époque aujourd’hui révolue, souvent évoqués lors des réunions entre amis ou transmis à nos propres enfants, qui ont marqué l’histoire de la télévision et des programmes jeunesse.
Parmi ces séries mythiques, il en est une que je chéris particulièrement car elle a donné lieu à mon premier coup de foudre : le Capitaine Flam, une série télévisée d’animation japonaise produite par le studio de production Tōei Animation, diffusée pour la première fois le 7 novembre 1978 au Japon et en France à partir du 7 janvier 1981 sur TF1. Basée sur une collection de romans de space opera nommée Captain Future, écrits par l’américain Edmond Hamilton dans les années 40, la série animée connaît rapidement un énorme succès dans toute l’Europe. Le Capitaine Flam s’inscrit ainsi dans le cadre d’une déferlante de séries animées post-Star Wars, qui témoignent d’une certaine fascination de l’époque pour l’espace et la conquête spatiale. La série réunit treize histoires indépendantes, découpées chacune en quatre épisodes de vingt-deux minutes. Nul n’a oublié l’ouverture du générique et la voix du grand Dominique Paturel :
« Au fin fond de l’Univers, à des années et des années lumière de la Terre veille celui que le gouvernement intersidéral appelle quand il n’est plus capable de trouver une solution à ses problèmes. Quand il ne reste plus aucun espoir : le Capitaine Flam ».
C’est dire si notre homme a de l’importance ! L’histoire ? Curtis Newton, alias le Capitaine Flam, est le fils d’un couple de scientifiques travaillant dans une station spatiale en orbite autour de la Lune. Aidés par le professeur Simon Wright, ils conçoivent le robot Crag ainsi que Mala, un androïde pouvant changer d’apparence grâce aux avancées de la biologie moléculaire. Lors d’une attaque, la station spatiale est détruite et William Newton meurt. Son épouse, grièvement blessée, supplie ses amis de faire en sorte que le petit Curtis consacre sa vie à préserver la paix et l’ordre dans l’univers avant de s’éteindre. Devenu adulte, ce dernier s’engage ainsi dans la lutte contre le Mal et prend le pseudonyme de « Capitaine Flam ».
https://youtu.be/NtxZsN6Em3g
J’étais donc follement amoureuse du beau et courageux Capitaine Flam, dont nous ne rations pas un épisode mon frère aîné, ma sœur cadette et moi. J’avais 11 ans et j’aimais TOUT de notre jeune héros : sa voix chaude et profonde (celle du comédien Philippe Ogouz en réalité), son physique à tomber -affaire de goût, Messieurs Dames, les favoris étaient alors à la mode – son tempérament calme et réfléchi, son courage, sa sensibilité et sa douceur. Sa capacité à surmonter toutes les difficultés et épreuves en opposant son intelligence et ses capacités de réflexion à la force brute de ses ennemis. Généreux et pacifique, il arrivait toujours à temps pour sauver les personnages en détresse et défendait le Bien au mépris de tous les dangers. Evidemment, je détestais, et c’est peu dire, la blonde Johann, agent secret du gouvernement intersidéral, qui faisait battre son cœur et dont la voix m’horripilait au plus haut point.
J’adorais l’équipage aussi étrange qu’attachant du Capitaine Flam : le Professeur Simon, mort prématurément et apparaissant ici, à mon grand effroi, comme un cerveau doté de toutes ses connaissances greffé sur une sorte de petit engin volant. L’attachant Crag, immense robot aux doigts amovibles lui permettant de placer différents outils à l’extrémité de ses mains. Le railleur Mala, un humanoïde polymorphe qui me faisait penser à Popeye, capable de se transformer en n’importe quel être vivant, et ses chamailleries permanentes avec Crag. Le grisonnant et rassurant Colonel Ezla, ami de Curtis et figure du père absent, membre des forces de la police des planètes. Le petit Ken, orphelin blond téméraire embarqué clandestinement sur le CyberLab et adopté par l’équipage. Enfin, Limaille et Frégolo, les adorables animaux de compagnie de Crag et Mala, le premier se nourrissant de métaux et le second possédant les mêmes pouvoirs que son maître. J’aimais cette grande famille aux membres si différents et si unis, embarquée dans l’espace à la poursuite des méchants, au son des musiques d’ambiance à la fois jazzy et disco du compositeur japonais Yuji Ohno.
Je rêvais souvent que j’accompagnais l’équipage dans ses aventures au fin fond de la galaxie, pistolet laser à la main, combinaison moulante et courage chevillés au corps, évinçant ma blonde rivale en 5 secondes et m’accrochant au bras du Capitaine Flam, qui n’avait bien évidemment d’yeux que pour moi. Il me semble que c’était hier et je n’ai d’ailleurs rien oublié des paroles du générique interprété par Richard Simon dans sa première version, sur une musique de Jean-Jacques Debout. Et vous ?