[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]’est l’histoire d’une fusion artistique. Adam Hocker vient du Kentucky où il aura fait ses gammes au sein de la pléthorique scène folk. Le garçon posera par la suite ses valises à Paris, pour le plus justifié des motifs. Son acolyte n’est autre que Jean-Charles Versari, connu pour ses nombreux projets (dont la genèse puise sa source dans le post-punk) ainsi que pour son travail comme ingénieur du son. La rencontre entre les deux hommes se fera par l’entremise de l’épatant Rhys Chatham, compositeur et trompettiste réputé pour sa science expérimentale au sein de l’obédience no wave.
Sur scène, les deux compères sont accompagnés par Jean-Baptiste Deucher … La particularité de leurs prestations étant de ne pas utiliser de batterie.
Après un premier album Glacier, sorti en 2014, voici donc que nous est présenté Abolition. Disque ambitieux qui déboule avec un titre à l’entame des plus classiques. Abolition Rag voit s’installer une dualité entre un chant haut perché et des riffs qui frisent la larmoyante exécution. La géolocalisation emprunte les routes interminables à la limite du Midwest et du Sud profond. Nous sommes téléportés dans cet État du bluegrass, inspiration des origines du narrateur.
https://soundcloud.com/jcversari/abolitionrag
L’album prend petit à petit la tangente sur quelques souffles acoustiques. Les réverbérations sont poignantes et les fins de morceaux prennent quelques ampleurs à force de superposition de couches. Une sorte d’hyperbole sonore dont l’estocade jouée par un harmonium ne semble jamais retomber.
Elle est ici la force de l’œuvre. Dans cet attachement à ne pas délivrer de morceaux lapidaires. Les rythmiques entêtantes transportent l’auditeur jusqu’à l’obsession. Celui-ci vient alors réclamer les divines saturations d’arrière-plan. Le rattachement est puissant, au point de mener cette voix singulière dans une digne élévation qui ne parvient jamais à plier.
Ithaca est ce genre de musique qui a du nerf. Avec ses reliefs « bruitistes » combinés à d’immenses harmonies aussi subtiles qu’attachantes. Là encore, c’est une douceur pianistique qui vient trancher avec quelques grincements électriques. Nous sommes dans la profusion des essences sensorielles. Le duo laisse les notes vibrer, s’embrasser avant de se retirer avec élégance.
Autre morceau de bravoure avec les neufs minutes instrumentales d’Orion. Plage venant, à souhait, égrainer une exposition contemplative au climat ambiant. Une fois de plus, je me laisse embarquer dans des rêveries antinomiques nappées de songes « noisy ».
La cime du recueil prendra la forme d’un post-rock baroque. Celui de Sarabande dont la métamorphose opérée est d’une puissance hallucinante. Effusions stratosphériques de mise pour cet orgasme auditif qu’il convient d’écouter volume ultra remonté.
En négatif, la dernière transition sera une accalmie bourrée d’échos. C’est Dues empreint de mélancolie contagieuse.
Juste après la dead line, réaliser le talent et le bel effort. Des morceaux façonnés pour vivre pleinement tout en offrant une relecture réordonnancée des structures habituelles du genre. Le plus marquant restant, sans aucun doute, les aspirations ultra spacieuses qui s’en dégagent.
Adam H sera en concert le 12 Octobre prochain à Paris (Petit Bain) + le 15 Octobre à La Rochelle (La Sirène)
L’album est disponible à la vente depuis le 25/08/2017
Site Officiel – T-Rec – L’Autre Distribution
Remerciements: Jean-Philippe Béraud