Déjà remarqué pour son premier roman Un homme effacé1 (Prix Goncourt du premier roman 2013), Alexandre Postel récidive avec L’Ascendant, nouvelle variation sur la chute d’un homme pris dans l’étau d’un fait divers. Un homme effacé relatait l’histoire d’un universitaire respecté mais discret, sans véritable ami ou famille, qui se voit accusé de posséder du contenu pédo-pornographique sur son ordinateur. S’en suivit alors une longue descente aux enfers pour cet homme que tout accable, et le lecteur d’être partagé entre l’effroi et l’empathie pour ce personnage dont on ne sait s’il est coupable ou non.
Dans ce deuxième roman, le narrateur, vendeur de téléphones mobiles, apprend le décès brutal de son père, une crise cardiaque en se rendant à la banque. À peine secoué par la nouvelle, n’ayant que des rapports lointains avec son père avec qui il ne parle plus beaucoup depuis un bout de temps, il décide cependant de poser quelques jours de congé pour aller s’occuper de la paperasse, vite fait bien fait. Ayant fait la reconnaissance du corps à la morgue, il se rend dans la maison paternelle, en vue de préparer la vente. Ce qu’il découvrira à la cave, que je ne peux révéler, va quelque peu bouleverser son week-end. Navigant entre nonchalance, indécisions et imprécisions, ses actes face à l’imprévu vont inévitablement le conduire à une sévère dégringolade, et une sacrée gueule de bois.
Le récit se déroule sur cinq jours, et chaque jour est relaté dans les détails, presque heure par heure, minute par minute, et il arrive que le narrateur s’adresse à nous, lecteur (ou bien est-ce quelqu’un d’autre ?). L’angoisse monte et nous plonge dans une incrédulité, une stupeur et une terreur étouffantes. La force du livre résidant essentiellement dans l’effet de surprise, il m’est incapable d’en raconter plus, au risque de déflorer le plaisir de lecture.
Alexandre Postel joue avec nos nerfs et ce roman à cheval entre L’étranger de Camus et Claustria de Jauffret est l’oeuvre d’un jeune auteur en pleine possession de ses moyens.
1Un homme effacé, Gallimard, 2013 (repris en Folio)
Alexandre Postel, L’ascendant, Gallimard, 2015.