Sait-on quelque chose des gens, même ceux avec lesquels on vit chaque jour ?
Virginia Woolf
Kate élève seule sa fille unique Amelia. En bonne mère débordée, elle passe peu de temps avec l’adolescente mais est parvenue à créer une relation très forte avec elle malgré ses absences professionnelles répétées. Tout bascule le jour où elle reçoit un appel du lycée. Une fois sur place avec plus d’une heure de retard, on lui apprend qu’il y a eu un accident. Sa fille a sauté du toit. Affrontant l’horreur de la perte d’un enfant, Kate tente en vain de se reconstruire. Quelques temps plus tard, elle reçoit un message anonyme : Amelia n’a pas sauté. Ces quelques mots vont l’obliger à fouiller la courte vie de la jeune fille pour découvrir ce qui s’est réellement passé sur ce toit.
Avec beaucoup de maîtrise, Kimberley McCreight fait alterner les voix de Kate et Amelia, insérant dans le récit des bribes de conversations de l’adolescente avec ses groupes d’amis et construisant son intrigue à la façon d’un bon thriller. Le lecteur navigue entre passé et présent sans jamais perdre le fil de l’histoire, les récits de la fille éclairant les recherches de la mère. Amelia dresse également un tableau au vitriol de la société américaine et du malaise adolescent à côté duquel chaque parent peut passer, pensant connaitre par cœur l’enfant qu’il a vu naître et grandir.
Rythmé et difficile à lâcher, le premier roman traduit en France de Kimberley McCreight est une des bonnes surprises de cette rentrée littéraire. Affaire à suivre …
Amelia, Kimberley McCreight, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Elodie Leplat, Editions du Cherche Midi, Août 2015