[mks_pullquote align= »left » width= »225″ size= »20″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]Je préférerais être heureux plutôt que d’être un artiste. [/mks_pullquote]
Bobby Jameson a disparu de la circulation pendant 35 ans avant de réapparaître. Est-ce quelque chose que tu pourrais imaginer effectuer ?
Absolument pas. Ce qui m’a séduit chez lui, c’est surtout qu’il me rappelle la personne que j’étais avant mes 26 ans. Il était obsédé par la reconnaissance de son art. Il travaillait comme un fou pour y arriver. Sa frustration, je l’ai ressentie jusqu’à ce que je rencontre un minimum de succès. J’ai alors compris que j’étais en guerre avec la terre entière parce que je voulais que tout le monde m’aime. J’ai du réapprendre à composer car ma frustration n’est plus la même. Je ne suis plus désespéré.
L’autobiographie que Bobby Jameson a rédigée vers la fin de sa vie est magnifique. Il décrit sa vie avec une précision extraordinaire. Pourtant, il était complètement fou dans les années 60. Il cherchait son identité. Il était convaincu d’être une rock star alors que personne ne savait qui il était. Il jouait un rôle. Il a dû quitter Los Angeles pour se reconstruire. Il en est devenu suicidaire. Chaque jour, il a voulu mourir car il ne savait plus qui il était vraiment. Je connais ce sentiment. J’ai beaucoup d’amis talentueux dans la même situation que lui. Ils me considèrent comme un artiste à succès alors que je ne suis rien du tout. Je loue un appartement et je galère pour payer le loyer. Mais tout ce qu’ils voient, c’est que suis en photo dans les magazines. Leur vision de la réalité est distordue.
Je préférerais être heureux plutôt que d’être un artiste. Il faut que je devienne musicien de temps en temps pour honorer mes factures. Je ne vais pas me plaindre, je serais incapable d’avoir un autre travail. (Il prend soudain un air perdu). Je n’ai rien d’autre à ajouter.
Pourrais-tu nous parler de ta collaboration avec Dam Funk sur Acting ? Ce n’est pas la première fois que vous collaborez ensemble.
Nous avons déjà enregistré ce titre pour son album. Mais l’humeur était différente. Je lui ai dit que j’aimerais en produire une version plus soft rock. C’est un des artistes les plus sympathiques que je connaisse. Il figurera aussi sur un titre de la version limitée de l’album. J’ai plein de faces B en stock. C’est excitant de relancer la machine avec un nouveau label après 3 ans, sans composer.

Justement, on te retrouve aujourd’hui sur Mexican Summer après plusieurs albums chez le mythique label 4ad. Quelle est la raison de ce changement ?
Le deal proposé par Mexican Summer était plus intéressant. 4ad voulait me garder, mais, à l’instar de Mexican Summer, ils connaissent mes chiffres de ventes. Mexican Summer a mis beaucoup plus d’argent sur la table. Ce n’est pas très intelligent de leur part. Ils auraient dû se renseigner avant. Cela fait déjà un bon moment qu’ils essayaient de me signer. C’est un avantage pour moi, car je vais devenir une des priorités du label. Ce qui n’était pas le cas de 4ad qui m’avait signé pour leur apporter un peu de crédibilité. Ils n’ont jamais fait de gros effort pour développer ma carrière. Avec Mexican Summer, je me sens poussé. C’est pour ça que j’accepte d’être là aujourd’hui avec toi et de recommencer tout ce cirque.
Merci à Thomas Rousseau