[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#D85535″]O[/mks_dropcap]n ne présente plus le prolifique et drôlissime Joann Sfar. Le voici qui revient avec une histoire à vous glacer le sang, pour de rire. « Aspirine » est une ado vampire depuis 300 ans. Jalouse de sa sœur, elle s’occupe comme elle peut en tuant et en dépeçant. Le jeune Yidgor, qui donnerait son rat pour voir une chose vraiment surnaturelle, ne va pas être déçu du voyage. Nous, non plus.
Franchement, la quatrième de couverture de la BD, où l’on voit le personnage gothique d’Aspirine nous faire un fuck et arborer une tête de dernière de la classe, ne peut que déclencher notre rire et provoquer notre impatience à découvrir la vie pourrie de cette ado dracu girl, qui s’ennuie et se languit. Il faut dire qu’au bout de 3 siècles, elle a tout vu, elle a tout fait. Pourtant, comme tous les jeunes de son âge, elle a de l’énergie à revendre.
Alors certes, pour les quelques interlocuteurs qu’elle parvient à garder en vie plus de deux minutes, c’est l’occasion d’écouter ses souvenirs philosophiques, sa rencontre avec Sartre et… autres anecdotes triviales. Mais pour elle, c’est un calvaire de n’être pas prise au sérieux. D’autant qu’aucun échappatoire n’est possible puisque même se jeter d’un pont ne lui permet pas d’en finir, foi de vampire !
Aspirine se divertit donc comme elle peut, rigolant de voir son prof apeuré à deux doigts de se pisser dessus, arrachant le cœur des amants de sa sœur Josacine, s’éclatant à danser sur la musique punk rock d’Offspring… Colérique, elle tranche dans le vif et affirme haut et fort que tout la fait chier ! Une ado quoi ! Avec tout de même, la concernant, une faculté unique à cicatriser les plaies et l’activation régulière de longues dents bien acérées…
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Dans ce chaos ambiant, il est un garçon baba d’Aspirine : fan de fantastique, Yidgor a la tête en vrac, ne paye pas de mine et traîne ses guêtres dans les amphis de la Sorbonne. Il y croise la vampirette et partage avec elle une passion pour les tournois de Warhammer… Devenu son serviteur, Yidgor tentera de redonner le sourire à Aspirine et de la sauver d’elle même.
Si la première partie de la BD est relativement bien ordonnée, sachez que la seconde partie part en live et que deux solutions s’offrent alors à vous : abandonner votre lecture, tout en gardant tout de même à l’esprit les qualités de ce récit virevoltant et déjanté, talentueusement colorisé par Brigitte Findakly (« Le retour à la terre« , Dargaud) ; ou bien poursuivre l’aventure en partageant les délires de Sfar et son humour parfois n’importe quoitesque ! Vous apprécierez alors, par exemple, la scène où, découvrant un cadavre dans un sarcophage, Yidgor s’exclame « Oh putain, un sarco… » avant qu’Aspirine n’enchaîne : « Un Sarkozy ? ». Voilà, c’est con. Mais c’est poilant !
Aspirine de Joann Sfar
Editions Rue de Sèvres – 6 juin 2018