[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]D[/mks_dropcap]rôle de roman que ce Avant les singes de Sibylle Grimbert.
Cela commence de manière assez classique, des gens riches, une réception, une remise de prix, un couple au milieu de l’histoire.
Mais Grimbert sème très vite dans son texte quelques indices suggérant que tout va déraper. De quelle manière ? Nous ne le savons pas. Pas encore à ce moment de la lecture.
Sabine accompagne son mari Romain à la réception. Il doit y être honoré pour une invention : une pilule nommée Yourself. Que fait cette pilule ? A quoi sert-elle ? A devenir soi-même ! Cela tombe bien car après avoir reçu son prix Romain propose son invention à tous les participants.
La soirée continue et nous assistons stupéfaits à des conversations loufoques. Pour certains la pizza n’existe pas, pour d’autres il n’y pas eu de seconde guerre mondiale et Flaubert est un inconnu.
Sabine, centre du roman, devient également, pour les participants, en quelques minutes, cause de tous leurs maux. Même son mari n’intervient pas pour l’aider. Elle va alors se débattre pour survivre, aidée en cela par une jeune fille sur laquelle la pilule n’a pas eu d’effet.
A partir de là, nous rentrons dans un monde loufoque, encore plus loufoque que celui décrit ci-dessus. Les temps se mélangent littéralement. Sabine voit le futur, le vit. Elle assiste impuissante à des morceaux de vie, de SA vie mais elle est remplacée par une sorte de double, de DEUX doubles. Versions de ce qu’elle aurait pu devenir si elle avait choisi telle ou telle voie. Le roman devient philosophique.
Il ne faut pas en dire plus pour ne pas gâcher les surprises à venir.
Sibylle Grimbert nous offre ici un roman totalement décalé et jouissif. Une fois acceptés les invraisemblances, les collisions et les mélanges, les surprises et les événements fantastiques, nous prenons un plaisir de lecture rare !
Avant les singes de Sibylle Grimbert, aux éditions Anne Carrière, janvier 2016