[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#dd3333″]B[/mks_dropcap]arbe Rose, le nouveau livre de Mathieu Simonet, étrangement présenté comme roman sur la couverture, est arrivé en librairie le 4 Mars dernier. C’est donc une nouvelle étape dans l’écriture de l’intimité de l’écrivain.
Avant cela, il a écrit un premier livre court où il parlait de la découverte de son homosexualité, disponible chez Emoticourt. C’est avec Les carnets blancs publié par les éditions du Seuil que le travail d’écriture fut révélé. Cette maison d’édition à laquelle il reste intiment lié comme le fut Jean Cayrol, en tant qu’éditeur, qui entretint une correspondance épistolaire avec le père de Mathieu Simonet. Ce dernier livre lui est dédicacé, évidence puisque la figure paternelle en est le sujet principal. Dans le livre précédant La maternité, publié en 2012 chez le même éditeur, il était question de la mère et du deuil qui suivit son décès. Depuis, Mathieu Simonet semble faire ce travail d’écriture comme pour saisir la réalité complexe des liens familiaux.
Dans Barbe Rose, il dresse le portrait d’un homme insaisissable. Tout d’abord, le père appartient à ce qui fut considéré un temps comme une secte : l’ordre mystique de la Rose-croix. Il faut rajouter que ce même homme est malade, atteint de schizophrénie. Il peut à la fois être d’une grande douceur avec ses proches autant qu’au détour d’une petite phrase, promettre de les tuer. Au début du livre, Mathieu Simonet raconte son passage chez un psychiatre où il est venu faire de l’hypnose et régler une question importante ; « Je ne pense pas que mon père m’ait violé, mais j’aimerais savoir » dit-il au psychiatre avant la séance.
À partir de là, dans un style fragmentaire, composé de phrases le plus souvent courtes, l’écrivain nous et se raconte les difficultés d’être le fils de cet homme-là. On avance dans le livre et la sensation d’un amour sincère, d’une bienveillance du fils se fait sentir pour le lecteur, et cet amour est issu d’un long travail où l’écriture joue le rôle de catalyseur. Le père lui-même a écrit mais n’a jamais publié malgré la correspondance avec Jean Cayrol. Barbe Rose contient des extraits de ces écrits (manuscrits, lettres). On comprend que le lien le plus fort avec le père, est l’écriture. Mathieu Simonet trouve que celle de son père est plus aboutie que la sienne. Il avoue même, dans certaines dédicaces manuscrites destinées à ses lecteurs, qu’il lui a appris à écrire. Un apprentissage implicite pouvant se situer dans le lien fort entre les deux hommes.
Malgré l’ambivalence de ce père déséquilibré par la maladie, l’auteur de Barbe Rose lui rend hommage, dressant son portrait, dans une quête de décryptage d’une personnalité forte. Finalement, refermant le livre, on se demande qui du père ou du fils a décidé que Mathieu Simonet serait écrivain.
Barbe Rose de Mathieu Simonet, édité aux éditions du Seuil.