[dropcap]L[/dropcap]e capitalisme fragilise tous les secteurs professionnels au service de la population. Ce constat est facilement vérifiable par les différentes luttes qui se déploient contre les politiques néo-libérales qui favoriseront toujours les plus riches. On peut s’en rendre compte par tout un tas d’analyses également. Le livre de Sophie Eustache, Bâtonner, en est l’une, qui approfondira notre besoin de lutter, de réfléchir à mieux-être et surtout à prendre conscience des différentes crises provoquées par les systèmes établis.
Comment expliquer l’adhésion de la majorité des journalistes à un système qui les dépossède de leur travail ? La précarité et le chômage massif, et la peur qu’ils inspirent, peuvent expliquer à eux seuls ce consentement. Il ne faut pas sous-estimer les mécanismes de socialisation et de normalisation des pratiques qui opèrent dans les rédactions. Sophie Eustache
En ce qui concerne le journalisme, il y a une double crise, celle de la confiance vis-à-vis des journalistes et celle qui touche ce secteur très grandement fragilisé dans son indépendance qui devient une marque d’originalité profonde. Dans Bâtonner, Sophie Eustache démontre que l’économie dominante fait souffrir le journalisme dans son ensemble et dans sa pluralité. Journaliste notamment au Monde Diplomatique, elle a construit son essai pour montrer toutes les facettes du malaise au sein du journalisme.
Point par point, nommant ses chapitres par des verbes illustrant son propos, elle explique la mainmise des puissants sur ce que l’on appelle le « quatrième pouvoir ». Sophie Eustache explique la pratique dite de bâtonner. Cela consiste à recopier presque mot à mot une dépêche AFP ou autres sources sans véritablement effectuer un travail journalistique. Le déclin que connaît ce milieu est paradoxal car, comme elle l’explique, ce métier est encore bien vu auprès de la population malgré la crise de confiance. Être journaliste, c’est souvent mieux vu par ses proches qu’être ouvrier ou autres métiers déconsidérés.
Avec tout cela, on comprend qu’il n’est plus vraiment nécessaire de censurer car le contrôle de la presse se fait de manière plus pernicieuse. Sophie Eustache reprend intelligemment le terme imaginé par l’écrivain Bernard Noël de « sensure ». Cette privation de sens du métier et de l’ensemble du système économique du journalisme produit inévitablement un fossé avec une population cherchant à s’informer de manière impartiale et fiable. L’information, quand celles et ceux qui la fabriquent sont mis à mal, est plus facilement falsifiable.
Sophie Eustache n’est sans doute pas la première à tirer la sonnette d’alarme mais son livre a le grand mérite de faire le point de manière très concise sur une situation complexe. Elle nous renseigne, de son point de vue interne au journalisme, sur ce qui risque de mettre à mal les sociétés qui définissent leurs citoyens comme égaux et libres.
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Bâtonner de Sophie Eustache
Éditions Amsterdam – mars 2020
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Photo : Steve Buissinne/Pixabay