[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]I[/mks_dropcap]l y a des disques qu’on prend par hasard à la médiathèque et qui vous happent direct.
Ça commence avec cette basse enivrante qui va parcourir tout le morceau, des voix susurrent, le rythme est lent, mystérieux. Surgissent soudain des sons bizarres, des percus, des cris, et un chant féminin quasi chamanique se détache, puis plusieurs voix à l’unisson la rejoignent, et le morceau prend peu à peu sa forme de croisière.
Car, c’est de véritable voyage qu’il s’agit, ce premier morceau de 19 minutes va nous entraîner loin en Afrique. C’est tribal, ça prend aux tripes et ça ne vous lâche plus. Peu d’instruments au final, quasiment que des voix qui s’entrecroisent, s’entremêlent dans une transe extatique, et tout cela va crescendo. C’est la force de ce morceau, tout est dans ces voix, ces chants qui crient, qui scandent, qui hurlent. Moya est un périple, partant dans plein de directions au fil du morceau, donnant des solos vocaux à chacun des membres, c’est un morceau orgiaque.
C’est ainsi que commence cet album fou furieux de BCUC (prononcez à l’anglaise bi si you si), collectif sud-africain de Soweto. BCUC signifie Bantu Continua Uhuru Consciousness, le groupe puise son inspiration dans la musique indigène, et mélange chants et rythmes traditionnels à la musique rock et rap actuelle.
Le morceau suivant, Insimbi est tout aussi fou, tel un programme révolutionnaire chanté et scandé, rythmé encore par cette basse ronde qui nous accompagne le long de ces 16 minutes et porte les différents chants du groupe, alternant voix masculines et féminines.
Le dernier morceau, surprend par sa facture plus classique, chanté aussi en anglais Nobody knows, ne dure que 3 minutes, mais reste dans l’ambiance tribale du disque.
BCUC, c’est aussi un programme annoncé sur la pochette : music for the people, by the people, with the people. Emakhosini est un album fou mais qui fait du bien, à écouter fort, et en boucle. C’est à priori, leur deuxième album après Our Truth paru en 2016.
C’est donc un album au format surprenant, trois morceaux dont deux de quasi 20 minutes, édité chez Buda Musique, spécialisé en musique dite du monde, et enregistré à Lyon. Le groupe tourne actuellement en France, ne le loupez pas !