[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C'[/mks_dropcap]est derrière quelques chevrons que s’abrite l’expression brute d’un disque loin d’arrondir les angles. Bien au contraire, les pointes qui émanent de ce troisième album semblent avoir été affilées au silex. Loin d’être une simple récréation pour le plus célèbre de ses membres, Beak> est la marque d’une progression stylistique qui ose l’empilement des idées. Depuis des débuts, il y a dix ans, à l’occasion d’un concert improvisé lors d’une fête du label Invada Records, le projet n’a eu cesse de servir un laboratoire où les fioles fument tandis que les acides menacent de faire exploser les combinaisons chimiques. Preuve en est avec la sortie il y a quelques mois du très piquant >>>
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]D[/mks_dropcap]’entrée de jeu, The Brazilian répand une rythmique plaquée sur des effets semblant tirés d’une série Z inquiétante. Pour autant, la bande son est loin d’être bon marché. Celle-ci est rugueuse et témoigne d’un don certain chez Geoff Barrow pour transformer le glauque en matière ultra brillante. L’intéressé est bien épaulé en cela par ses compères Billy Fuller et Will Young.
Nous assistons à une vive accélération des mouvements avec Brean Down dont les miaulements digitaux rivalisent face aux battements endiablés trainant l’auditeur médusé dans une certaine angoisse sous speed. A l’inverse, Biscuit Suit pourrait prétendre nous emmitoufler dans de la ouate, celle qui s’imbibe de boucles obsédantes, de programmations bichonnées par des machines explorant diverses sensations sans jamais s’aventurer au-delà d’une tenue homogène. Avec Harvester c’est une remontée d’amertume qui nous électrise, tels des pincements qui nous feraient bizarrement du bien… Une sorte de blues électronique permettant d’introduire l’instrumental Allé Sauvage, agité de strates successives en faveur d’un crescendo krautrock des plus palpitants.
Plus loin, on pourra s’encanailler avec la folie douce de King of the Castle puis quelques agitations du bocal que n’aurait pas reniées Syd Barrett (RSI). Des pulsations qui parfois deviennent terrifiantes voire stridentes avant de rouler sur les traces d’une configuration plus routinière (Abbots Leigh).
Beak> parachève son exercice d’une belle impulsion en plongeant sa musique dans une quiétude retrouvée, outre quelques effusions tintées de chorus et une section de cordes qui accouchent d’un final rempli de relief (When We Fall). Bref, à Bristol s’expose sans retenue la signature d’une véritable exigence, sans que la spontanéité collective ne soit éclipsée. Un nouveau bel ouvrage pour les besoins d’une excitation bouillonnante !