Bill Fay reprend comme si de rien n’était le fil de sa carrière. Trois ans à peine après le magnifique Life Is People, le vénérable Londonien nous revient avec Who Is The Sender ?
Pour beaucoup d’artistes, un tel rythme est tout à fait normal mais quand on s’appelle Bill Fay, cela tient du miracle. Deux disques (Bill Fay et Time Of The Last Persecution) en 1970 et 1971, puis presque plus rien jusqu’en 2012 et un retour au sommet à près de 70 ans, c’est peu dire si son come back fut observé avec des grands yeux ébahis.
En effet, il disparut des radars jusqu’à la réédition de ses 2 premiers albums en 1998 et ses quelques rares enregistrements pendant cette période eurent du mal à sortir (Tomorrow, Tomorrow and Tomorrow paru en 2005 mais reprenant des enregistrements entre 1978 et 1982). Vivant de petits boulots en petits boulots, Bill Fay continua à composer et c’est donc en 2012 qu’il retourna véritablement en studio grâce à l’aide de fans comme Jeff Tweedy (Wilco) et David Tibet (Current 93).
A l’écoute de Who Is The Sender ?, on ne sait si on doit se réjouir de ce retour miraculeux ou regretter les années perdues ? Bill Fay lui semble reconnecter son œuvre sans penser au temps perdu et reprendre le fil de son art (A Page Incomplete) portant un regard inquiet mais bienveillant sur la beauté du monde.
Who Is The Sender ?, c’est d’abord Bill Fay, sa voix et son piano, une voix douce et claire, d’une émouvante humanité et ce piano, ami fidèle qu’il effleure délicatement. Entre un Cohen épuré et un Dylan apaisé, l’album fait preuve d’un classicisme sobre mais éblouissant. Bill Fay continue de s’émouvoir de la beauté du monde qui l’entoure comme un jardinier devant son petit parterre de fleurs (The Geese Are Flying Westwards ou How Little) mais s’interroge sur l’avenir de ce monde qu’il a parfois du mal à comprendre malgré sa foi palpable tout au long de ses 13 chansons (War Machine, Bring It On Lord ou encore le sublime World Of Life).
Les musiciens qui l’entourent (J. Spaceman entre autres) se font modestes et se mettent totalement au service du brave homme pour de splendides réussites (Underneath The Sun ou Who Is The Sender ? , le morceau en point d’orgue de l’album et son I wanna Say Thank You qu’on a envie de lui retourner).
Album humble et lumineux, Who Is The Sender ? est l’œuvre d’un homme grand et modeste, au soir de sa vie, fidèle à son passé (la reprise de son I hear you Calling pour conclure le disque) et tourné vers l’avenir, aussi sombre soit-il.
Who Is The Sender ? est disponible depuis fin avril chez Dead Oceans.