[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]M[/mks_dropcap]ine de rien, c’est déjà la 3ème chronique de Bitchin Bajas que je fais pour Addict-Culture, comme quoi le trio de Chicago commence à se faire une place de choix dans ma discothèque.
Aujourd’hui, ils nous reviennent avec Bajas Fresh, double LP gargantuesque, leur premier véritable album depuis trois ans, après de nombreuses collaborations diverses et variées.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]J[/mks_dropcap]’avais en effet évoqué en ces lieux, l’épatante collaboration que Cooper Crane, Daniel Quinlivan et Rob Frye avaient concoctée avec Bonnie Prince Billy, l’année dernière sous l’improbable titre d’Epic Jammers And Fortunate Little Ditties.
On notera également la B.O. de Sailing A Sinking Sea avec Olivia Wyatt, ainsi que la participation au magnifique Reaching For Indigo de Circuit Des Yeux paru il y a peu, ou bien encore leur présence au côté de Terry Riley ou Natural Information Society.
Bitchin Bajas a d’ailleurs toujours joué sur les contrastes, sur cette omniprésence mystérieuse, dans une épaisse fumée artificielle, à la fois très ancrée dans l’histoire de la musique expérimentale et malgré tout abordable. Jazz, krautrock, electro, tout y passe !
Ainsi, Bajas Fresh comprend Angels And Demons At Play, une reprise épatante de Sun Ra, et le trio s’ouvre même à d’autres musiciens puisqu’on notera la participation de Nori Tanaka, Masaki Batoh, Nick Brost, Ben Lamar Gay ou encore Jim O’Rourke.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]’est un long trip de près de 80 minutes qui nous attend quand on pose l’imposant Bajas Fresh sur la platine, la reprise de Sun Ra pouvant même donner l’impression d’un étincelant interlude entre les morceaux originaux, tournant autour de dix minutes avec, en point d’orgue, 23 03 qui porte bien son titre.
Ces notions de temps et d’espace sont indispensables pour bien appréhender un album nécessitant écoute et attention pour en découvrir toute la saveur ; on est à la limite du recueillement et de la méditation, je me suis même endormi à la première écoute, c’est vous dire si c’est efficace !
Jammu, en ouverture nous emmène, très haut, au sommet de l’Himalaya sur un long jam synthétique qui nous projette dans les traces de Tangerine Dream ou Harmonia, alors que Circles On Circles taquine la techno minimaliste des années 90.
Le rythme se fait plus complexe, le temps semble se suspendre, on perd définitivement pied sous les fulgurances expérimentales de Yonaguni avant le transcendantal 23 03, où un sentiment de vide vous happe littéralement. Les deux dernières magnifiques pièces Chokayo et Be Going, confirment ce sentiment de flotter dans l’air, porté par des volutes de fumée issue de produits qu’on imagine tout à fait illégaux.
Bajas Fresh fascine et trouble, drôle d’ovni musical bien dans la lignée dans la remarquable discographie de Bitchin Bajas.
Bajas Fresh de Bitchin Bajas
Disponible depuis le 17 novembre chez Drag City.