[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]G[/mks_dropcap]rand voyageur, Le Clézio, après des œuvres consacrées à l’île Maurice ou au désert, part cette fois en Asie. À Séoul, comme l’indique le titre, arrive une jeune fille, Bitna, qui a quitté sa famille pauvre et campagnarde pour suivre ses études dans la grande ville.
Héroïne douce et fragile, Bitna va aller de rencontres en rencontres, de découvertes joyeuses en désillusions. Hébergée par sa tante et sa fille, elle les quittera pour ne pas devenir leur esclave. Elle rencontrera un libraire, entretiendra une brève liaison avec lui. Insatisfaisante. Mais au moins, c’est lui qui proposera à Bitna un travail bienvenu financièrement.
Grande lectrice, Bitna va inventer des histoires pour une jeune femme malade, quasiment incapable de bouger. Cette jeune Salomé trouvera une consolation, une amitié, une raison de continuer le combat.
Et Le Clézio va alors nous faire partager les mots de Bitna pour Salomé, les histoires qu’elle invente.
Sorte de méditation sur la littérature mais aussi sur la maladie et la mort, Bitna, sous le ciel de Séoul est un très beau livre. J.M.G. Le Clézio, dans une langue simple mais très poétique, nous emporte tant dans la vie de Bitna que dans les inventions qu’elle donne à entendre à Salomé.
» Je pars doucement, sans dire au revoir. C’est l’heure des soins, l’infirmière est debout devant la porte du salon, son tablier blanc luit dans la pénombre, quelque chose d’une apparition. M. Cho a réalisé son rêve, il est de retour, il ne désire plus rien d’autre, car pour lui le monde est parfait. Mais ici, mais pour nous autres, qui vivons ailleurs, rien n’est vraiment achevé. Le bonheur n’existe pas. Juste quelques rêves, quelques paroles. Juste le vent de la mer qui bouscule les plumes des oiseaux pendant qu’ils traversent l’estuaire.
Et la réalité assassine. »