Retour en quelques lignes sur des films qui ont retenu notre attention, et qui pourraient vous pousser dans les salles obscures…
Rock ‘n Roll de Guillaume Canet
Une des meilleures idées originales de comédie depuis très longtemps en France ! Guillaume Canet est décidément un mec audacieux qui en a.
Oui de l’autodérision il en a plein à revendre et contamine son entourage dans ce film miroir sur le cinéma en mettant en scène cet acteur qui se prend la « crise de la quarantaine » de façon brutale. Piqué au vif par une réflexion d’une jeune actrice de vingt ans avec laquelle il tourne, Guillaume veut être plus rock, et revenir dans la liste des acteurs qu’on aimerait se taper. Il va pulvériser son image ringarde et aller très très loin sous le regard médusé et impuissant de son entourage. Marion Cotillard est tout simplement exceptionnelle, l’idée de son personnage est irrésistible et hilarante.
Difficile d’en parler en fait pour vous laisser la fraîcheur de la répartie et des surprises. D’ailleurs la bande-annonce est réussie (assez rare pour le signaler) vous pouvez la regarder car elle ne dévoile pas le meilleur des répliques contrairement à d’habitude dans ce genre de comédies. Choix intelligent.
Le seul petit bémol du film, sentiment que j’avais déjà ressenti avec Les petits mouchoirs (2010), c’est un problème de rythme au montage, surtout dans la deuxième partie, et en même temps que j’écris cela, je me dis que au final, plutôt que d’avoir une comédie poussive et qui aurait pu tourner au vulgaire facilement, Guillaume Canet réussit une comédie sincère et touchante, douce et amère, drôle et épique, et une critique acerbe en toile de de fond sur ce phénomène de jeunisme qui au final ne convient à personne tellement tout le monde en subit le fardeau. Une vraie surprise et une belle réussite son nouveau film. Et en pleine période électorale nauséabonde, le rire est toujours salvateur. Faites-vous du bien.
Sortie le 15 février 2017
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Johann
David Lynch : The Art Life de Jon Nguyen, Rick Barnes, Olivia Neergaard-Holm
On aurait pu s’attendre à un documentaire sur le cinéaste hors normes qu’est David Lynch, à la manière de toutes les bios existantes qui démarrent à la naissance d’Eraserhead.
Mais le rendez-vous est bien plus intime que ça. Au cœur de son atelier, où il ne cesse de travailler sur ses toiles, fumer des cigarettes, monsieur Lynch nous raconte ce qui a fait que son cœur a battu, et comment sa carrière de réalisateur est si totalement liée à son travail d’artiste.
Retour sur son enfance, incroyablement tranquille et ensoleillée, ses parents, et son univers qui « se limitait à deux pâtés de maison ». L’image de cette enfance parfaite, ce souvenir de bien-être inconditionnel, nous paraissent aujourd’hui décalés de l’univers de Lynch… et pourtant. Dans ses films, ces banlieues parfaites, ces pelouses tondues au millimètre, sont toujours une vitrine cachant l’horreur d’un triste quotidien, ou de fantasmes perturbés.
Les turpitudes de son adolescence, l’incompréhension de son père face à sa structuration d’artiste qui creuse si près de la mort, la morne et grise ville de Philadelphie qui l’écrase petit à petit, David frôle la déperdition, la dilution.
Son salut se présente alors dans son accession à une école de cinéma californienne, qui a entrevu ses capacités et lui a donné la chance de créer enfin ce qui se bousculait dans son imaginaire. « ils m’ont donné les écuries, quelle chance !! »
Cinéma, animation, musique, peinture, il lui faut tout essayer, insatiable.
Ce moment passé à découvrir un pan aussi personnel de Lynch est un cadeau offert à ses fans. La mèche grise et le mégot fumant, le regard intense et la parole simple, David Lynch se livre. Entier.
Sortie le 15 février 2017
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Pénélope
American Honey d’Andrea Arnold
Dès les premiers plans d’American Honey, on reconnaît la pâte d’Andrea Arnold (Fish Tank, 2009), la beauté de ses images et leur ancrage certain dans un espace précis. Ici, le bord de la route, en face d’un parking de grande surface. Ces paysages sans visage, que l’on retrouverait tout aussi bien en France, en Angleterre, ou ailleurs. Andrea Arnold souligne l’impersonnalité de ces lieux en incarnant à l’inverse très fortement les personnages qui l’habitent. Précision du cadre, justesse du mouvement, émotions des voix, profondeurs des regards… en quelques minutes, on est là, dans le Midwest sans aucun doute, avec Star (Sasha Lane), on suit sa respiration, on adhère à son regard, ça y est le décor est posé : on est, comme elle, à la recherche d’un ailleurs.
Immergé dans le quotidien de la grande pauvreté américaine, le film dépeint avec beaucoup de délicatesse la recherche de cet ailleurs. Un ailleurs qui ne serait pas pauvre, un ailleurs qui ne serait pas rabaissant, ni moche, un ailleurs qui ne serait pas aussi malheureux, un ailleurs qui serait bienveillant, amoureux, aventureux, solidaire. Et on embarque avec Star dans un périple dur mais porté par l’espoir de cet ailleurs, à travers l’Amérique délaissée. L’envers du rêve américain tel que nous le présentent les réactionnaires à la Clint Eastwood.
C’est l’amour et le désir qui sont au cœur de l’histoire. C’est l’amour qui dirige le regard de la réalisatrice sur ses personnages comme c’est l’amour qui pousse Star à suivre Jake (Shia LaBeouf). Et c’est leur désir qui nous prend aux tripes minute après minute dans ce film à la tension dramatique brillante, où 2h40 passent en un clin d’œil. Une belle leçon de vie et de cinéma.
Sortie le 8 février 2017
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Black Bird