Sélection et présentations au cordeau d’albums à côté desquels vous ne pouvez passer !
Shitkid – Detention
Ce qui était le projet solo d’Åsa Söderqvist devient une entité à deux têtes avec l’adjonction de Lina Ericsson à la basse et au songwriting et un vrai groupe intégrant trois autres musiciens pour les soutenir (sur album en tout cas, en live c’est toujours DIY bruyantissime, brouillon et chaotique de la mort, et ça joue à deux avec une vieille boîte à rythmes pilotée à la main sur un synthé).
Du coup on passe de la lo-fi sale, agressive et bancale des premiers EPs et albums à un joli projet reposant sur les années lycée, leurs premiers émois autant amoureux que musicaux, et l’album, très court, sonne très propre et aussi beaucoup plus power-pop, punk voire glam. Loin de se cantonner à un exercice de style confinant au spleen adolescent, les deux suédoises, qui sont encore très jeunes, ont préféré se retourner sur l’aspect enjoué et beaucoup trop enthousiaste de cette période de laquelle elles viennent juste de sortir, assumant par là-même leurs fautes de goût inhérentes à la découverte du rock’n’roll un poil trop emphatique, simpliste, frisant parfois le rock de stade, celui qu’on détestera tellement une fois adultes, sans jamais y toucher, parce qu’après tout, être ado c’est aussi synonyme de rébellion. Et c’est vraiment très cool.
Belle évolution qui prouve que d’un, le rock est pas mort, même pas moribond, et de deux, less is more, et les disques les plus simples peuvent devenir les meilleurs, grâce au plaisir d’écoute immédiat. Réservé aux amateurs de rock’n’roll qui ont su garder quelque part au fond d’eux leur âme de lycéen.
Disponible depuis le 10 mai chez PNKSLM et en écoute par ici.
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Axel Rigaud – Transformation
Publié en novembre dernier (et en catimini, d’où cette évocation tardive) sur le label californien n5MD, ce tout premier album du jeune producteur français Axel Rigaud est une excellente surprise. Aux confins du jazz le plus éthéré et de l’électronique la plus complexe, ce disque à la sensualité hypnotique déroule sur neuf plages captivantes toute la sensibilité de son auteur : entre acoustique feutrée (notre homme est par ailleurs flûtiste et saxophoniste) et raideur des machines, Transformation trouve un équilibre habile, évoquant simultanément les travaux les plus colorés de la figure emblématique du trompettiste défricheur Jon Hassell et les toutes premières sorties du label anglais Warp, qui distillait au début des années 90 un son prenant et aride qui sera gratifié à l’époque de la formule quelque peu ampoulée d’Intelligent Dance Music.
Cependant, loin de simplement vouloir ressusciter un quelconque âge d’or des musiques cérébrales, électro-acoustiques comme électroniques, Axel Rigaud semble résolument tourné vers l’avenir, la subtilité chaleureuse de ses paysages sonores et le naturel confondant avec lequel il leur sculpte un écrin envoûtant et précieux suffisant à faire ce premier long format une réussite prometteuse. Et si la première moitié des pistes ici proposées glisse, quasi-imperceptiblement, d’une suavité charmeuse vers des ambiances plus inquiètes et accidentées, ce n’est que pour mieux amener l’auditeur à questionner son propre rapport à la notion d’accessibilité : derrière les délices formels, un autre plaisir d’écoute est possible.
Disponible depuis le 2 novembre 2018 en CD, vinyle et digital via le label n5MD et en écoute intégrale sur Spotify.
French Godgiven
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Limousine – L’Été Suivant…
Cinq ans après l’excellent Siam Roads, qui les avait vus partir en Thaïlande et conférer à leur art instrumental des inflexions asiatiques surprenantes mais particulièrement pertinentes, les quatre membres du combo jazz pop Limousine sont de retour avec un quatrième album séduisant et inspiré.
Si aucune destination physique précise n’est invoquée cette fois-ci, il suinte de ces huit plages cinématiques et délicates la volonté évidente de transcender le possible géographique par une musique qui parlerait directement à l’âme, s’astreignant de tout format précis et de tout genre trop aisément identifiable. Ici, on nage en pleine évanescence évocatrice, de la pulsation rêveuse du palpitant No California à la veine krautrock enfiévrée d’Autoroute, en passant par la volupté enivrante d’un Valparaiso aussi plaisamment lumineux que puissamment mélancolique.
Bien mieux qu’une bande originale pour un film qui resterait à inventer, comme on dirait d’une banale compilation lounge, Laurent Bardainne (saxophone, claviers), Maxime Delpierre (guitare), David Aknin (batterie et percussions) et Frédéric Soulard (claviers) nous invitent à un voyage des sons et des sens qui se passe très bien de toute sollicitation rétinienne : avec L’Été Suivant…, la porte de notre imaginaire reste grande ouverte et l’on se prend même à remercier la nature que nos oreilles n’aient pas de paupières.
Disponible depuis le 22 mars 2019 en CD, vinyle et digital via le label Ekleroshock et en écoute intégrale sur Spotify.
French Godgiven
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Thomas Monica – Le Paradoxe De L’Utah
Il nous avait déjà fortement séduits, il y a quelques mois à peine, avec son entêtant Faux Rêveur, tranche de pop raffinée servie par une rythmique chaloupée et une scansion proche du hip hop. Le chanteur-guitariste Thomas Monica publie enfin son premier véritable album, réalisé par le prestigieux ingénieur du son britannique Ian Caple, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le garçon sait comment s’y prendre pour aguicher nos appétits mélomanes : entre arrangements capiteux, compositions amples et écriture azimutée, la poésie qui habite ces neuf chansons bariolées et originales tape vite, fort et juste.
De l’émouvant et engagé Aux Entrelacs à la sagesse fantasmée de Japanese Theory, en passant par la tournerie pop endiablée de Round et le songe habité de Whale’s Song, le saisissant contraste entre l’abattage joueur et acrobatique dont témoigne cet artiste et la profondeur des sentiments évoqués, du doute existentiel à la rébellion philosophique, nous donne à penser qu’on n’a pas fini d’entendre parler de lui.
En effet, avec ce disque à double détente, où des questionnements intimes, frottés à un inoxydable espoir, s’imbriquent avec bonheur dans un groove subtil et gentiment vicelard, Thomas Monica pose, avec douceur et fermeté combinées, les bases d’un univers à la fois singulièrement décalé et étrangement familier. Miroir du nôtre ?
Disponible depuis le 19 avril 2019 en CD et digital via le label Tm Corp et en écoute intégrale ici.
French Godgiven
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Mono – Nowhere Now Here
Nous pouvions penser que du côté de leur archipel, les japonais de Mono n’allaient pas engendrer une révolution tonitruante. Il est vrai qu’après la déferlante dantesque de Requiem For Hell (2016), le successeur risquait d’accoucher d’une hyperbole téléguidée.
Pour le coup c’est raté car les adeptes du post-rock contrasté vont opter avec Nowhere, Now Here pour une glissade bien plus apaisée, laissant sur la touche les piques épiques pour ne délivrer qu’une portion ramassée de leur verve. Si quelques déflagrations d’entame et fulgurances tapeuses viennent donner malgré tout un peu de grain à moudre, on retiendra surtout une propension à souffler le froid plutôt que le chaud, à développer des thèmes contemplatifs, à jouer sur le fil de guitares larmoyantes.
À ce titre, impossible de ne pas succomber au final somptueux de Sorrow, pénétré d’une adrénaline lacrymale et de quelques touches électroniques. Le groupe parvient alors à sortir de son carcan bruitiste pour lui substituer de fines strates synthétiques. Autre point marquant du tableau : l’apparition inédite d’une part de chant sur Breathe qui, comme le reste de ce nouvel album, méritera une écoute forte afin d’en apprécier toute l’amplitude. Quand bien même l’humeur serait plus tranquille, elle n’est pas pour autant privée d’une certaine force.
Disponible depuis le 25 janvier 2019 chez Temporary Residence Ltd / Pelagic Records et en écoute intégrale sur Spotify.
Ivlo Dark
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