Un tour d’horizon de ce qui aurait pu vous échapper cet été…
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Thom Yorke
Anima
sorti le 27 juin 2019 chez XL Recordings
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Il est assez légitime de se demander ce qu’un leader de groupe, confortablement installé dans la sphère des mastodontes, peut bien apporter de plus à notre savoir en insistant sur la façon de faire fructifier sa carrière solo. Thom Yorke parvient pourtant depuis The Eraser (sorti en 2006) à proposer des axes de singularité qui ne peuvent être négligés. Après Tomorrow’s Modern Boxes qui pêchait faute de focalisation cohérente sur la matière, le plus grand des pleurnicheurs du XXIème siècle nous avait récemment fait angoisser sur la bande son du film Suspiria. Le frontman de Radiohead, décidément en verve, propose depuis les prémices de l’été un Anima incitant à de lourdes réflexions au chevet d’un monde qui s’effondre bien au delà de l’illustration désastreuse du Brexit. Autant vous dire que l’humeur n’est pas franchement riante. Pour cela, l’intéressé assène ses beats terrifiants sur son dancefloor personnel fortement anxiogène. Le propos alarmant se confond alors avec des bruits effrayants au sein d’une sincérité criante quasi minimaliste. On retiendra ici Dawn Chorus, pièce sublime au phrasé monocorde accompagné par un clavier ultra plaintif. De manière plus globale, c’est une amertume générale qui ressort de la plus poignante des manières.
Ivlo Dark
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The Flaming Lips
King’s Mouth: Music and Songs
Sorti le 19 juillet 2019 chez Bella Union
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Ce qui est bien avec cette bande là, c’est qu’elle suscite autant l’engouement de dévots que le courroux des grogneurs. Il faut dire que ça fait déjà un sacré bail qu’elle nous trimbale avec son psychédélisme poussé dans les extrêmes. Pour cette nouvelle livraison (déjà appréhendée à l’occasion du dernier Record Store Day et des fuites qui suivirent) nos trublions prennent leur aise dans une suite encore plus expérimentale si j’ose m’essayer à une étude comparative entre ce nouveau disque-concept et ses précédentes sorties. Au sein de ce trip hallucinogène, les mélodies enfantines portées par le chant bancal de Wayne Coyne se fondent à merveille. Les enchaînements spatiaux inondent la toile de Mille et Une couleurs, sans que la maîtrise indéniable des effets ne tarisse, bien au contraire ! À ce titre, j’avoue avoir un très gros faible pour Electric Fire et ses spirales trempées dans l’acide. Le titre prend des allures de progression herculéenne grâce à ses impressionnantes nappes venant s’agglutiner aux vibrations en pleine descente. Le disque est finalement un bloc dont les jonctions s’opèrent au travers d’une pop barrée tout en s’affirmant hautement stylisée. L’éloquente narration de l’improbable Mick Jones est alors un fil rouge prétexte des superpositions sonores aussi modernes que lorgnant sur un chevaleresque passé. How Can A Head en sera le dénouement rempli de réjouissances scintillantes. Vous imaginez déjà les confettis et les ballons lancés dans le ciel !
Ivlo Dark
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The Murder Capital
When I Have Fears
Sorti le 16 août 2019 chez Human Season Records
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Dans la série des sensations post-rock venues d’Irlande, inutile de vous spécifier que le millésime 2019 est particulièrement assaisonné. De là, supputer qu’un élevage de jeunes clones fougueux va conquérir le marché avec la facilité mercantile du copier/coller serait une grossière erreur. Si la gouaille est au rendez-vous, les riffs bien serrés et les battements sans frein, la mise en parallèle avec une formation comme Fontaines D.C s’arrête bien là car le quintette nommé The Murder Capital qui débarque également de la foisonnante Dublin sonne de manière bien plus sombre, alternant entre quelques tempos percutants et une sorte de léthargie noire. Les exécutions sont tendues comme le prouve More Is Less, craché à la gueule de l’assistance par un groupe ressemblant à la fois à tout et à rien ! Avec un titre comme On Twisted Ground, évoquant la douleur du suicide d’un proche, The Murder Capital dépose sur le comptoir une évidente profondeur à l’aide de ses basses lourdes qui se font l’écho de l’inspirateur poète romantique John Keats. Le tout est emballé avec la sauce piquante de Flood (je ne vous fais l’injure de rappeler le C.V de ce dernier). Bref, ça cogne, ça fait mal, c’est contrariant et très bon !
Ivlo Dark
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Nicolas Gaunin
Noa Noa Noa
sorti le 12 juillet chez Hive Mind Records
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S’il y a bien une chose qu’on ne retirera pas au label Hive Mind, c’est celle de dénicher des perles rares en matière de musiques actuelles. Souvenez-vous, j’avais évoqué l’an denier le premier album du Brésilien Rodrigo Tavares, sauvé de l’anonymat par Marc Teare, boss du label. Le sieur remet le couvert avec Noa Noa Noa de l’Italien Nicolas Gaunin, sorti en numérique à l’origine et bénéficiant d’une sortie physique ce jour, regroupant les deux enregistrements créés par Gaunin. À l’écoute de Noa Noa Noa, on imagine aisément ce qui a plu à Marc Teare : une musique influencée par le Brésil, comme pour Rodrigo Tavares, via le tropicalisme ainsi que le Tribalisme. À la différence du premier album de Tavares, nous sommes ici dans l’électronique. Une électro instrumentale, ludique, répétitive, parfois onirique proche, dans ses meilleurs moments, de ce que peut créer un groupe comme Plaid. C’est souvent réussi (pour preuve la première face de l’album qui fait se rencontrer Plaid et Exuma), parfois, malheureusement, un peu en pilotage automatique (une partie de la face B où l’aspect arty/abstrait fait que l’auditeur finit par décrocher), mais on reste constamment surpris par l’inventivité dont fait preuve l’Italien. Bref, si ce n’est pas complètement abouti, voici un premier essai dont on attend la suite avec une certaine fébrilité et beaucoup d’espoir.
Jism
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Jungstötter
Love Is
sorti chez PIAS le 17 mai 2019
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Fabian Altstötter est un rescapé de Sizzar, échappé en mode perso pour mieux diluer sa mélancolie couverte de lyrisme ombragé. C’est au hasard d’une vidéo chargée de spleen (en compagnie de Soap&Skin dont il assure les premières parties) que je découvris l’univers de son nouveau double baptisé Jungstötter. Un songwriting léché, des conditions d’enregistrement live créant une proximité trouble avec ceux qui seront amenés à tendre l’ouïe, autant de brio chez ce crooner ténébreux venu d’Allemagne. À l’écoute des dix titres qui composent Love Is, c’est un mystère constant qui pénètre l’espace. Nous sommes alors remués par un chant délicat (Into Deep) en ayant à l’esprit quelques filiations artistiques notables, à l’exemple du refrain torturé Wound Wrapped In Song dont l’emphase éplorée contamine des trémolos graves empruntés à David Sylvian. Une indubitable caresse qui se livre avec le concours d’un piano, véritable support affectif de l’ensemble. To Be Someone Else en sera le morceau de bravoure, résumant à lui seul le déroulé qui lui précède : Somptueux !
Ivlo Dark