[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]I[/mks_dropcap]l m’est difficile d’exprimer rationnellement les raisons de cette affection. J’ai le lointain souvenir de mes grands-parents baragouinant quelques mots en breton, histoire de ne pas pervertir mes oreilles chastes avec la compréhension de leurs piques conjugales. Je concède ainsi n’avoir appris que des bribes de la langue de mes ancêtres. Pour autant, elle résonne en moi avec son lot de mystères. C’est sans doute ce qui m’a inconsciemment touché à l’écoute de Vel Ma Vin, quatrième album de Brieg Guerveno, auteur compositeur et interprète dont l’amour pour la culture s’exprime exclusivement au travers de cette expression poétique qui pourrait paraître linguistiquement désuète à l’aube de l’an 2020. C’est au contraire une subtile modernité créatrice qui s’incorpore au désir de préservation de nos racines.
Dans le rétroviseur, nous découvrons un artiste impliqué au sein de la mouvance Metal prog’. Avec la formation dont il fut le chanteur et guitariste, il sera amené à faire cracher les enceintes jusqu’au Japon… Preuve s’il en est (encore) du caractère universel de la musique mais aussi d’une capacité chez l’intéressé à domestiquer son appétit du voyage et l’éclectisme qui en découle.
Le nouveau périple qui nous est offert marque un saisissant chamboulement. Exit les distorsions chargées de décibels, le propos ne change pas totalement le verbe mais la trame se déploie dorénavant grâce à des airs folks, frôlant tantôt les influences traditionnelles tantôt une sensibilité acoustique des plus remarquables. Loin de sombrer sous un éteignoir plombé par une carence de matière, Brieg Guerveno vient exalter, de son timbre rempli de chaleur, les airs d’un répertoire aussi personnel que voué à susciter une forme d’imprégnation collective. Le résultat est instinctivement aiguisé, tel le regard noble et fier de ce cerf floqué sur la pochette de la nouvelle livraison produite et mixée en compagnie du compère Joachim Blanchet.
Le cheminement entrepris est épuré, soigné dès les détails langoureux du titre d’entame (Vel Pa Vefemp). De manière globale, le ressenti s’opère sur les brillances qui se balancent sur la dualité d’une mélancolie mélodique, amplifiée par le violoncelle de Bahia El Bacha dont le jeu vient faire frotter le crin sur les glissements d’un authentique crève-cœur.
Avec Ar Sekred, les arpèges pincés résonnent au cœur d’une ondulation quasi mystique, une chanson secrète précieusement parée d’une aura aux accentuations celtiques… Une maîtrise vocale nous gratifiant d’un enchantement profond. On pensera forcément à la gwerz, complainte illustrant le plus souvent des légendes tragiques.
Le manifeste le plus criant se déclinera au fil de Petra Zo Bet et son torrent de sensations faisant palpiter les âmes par le biais de sa discrète réminiscence électrique, ses boucles qui nous invitent au spleen armoricain, ce refrain si déchirant, posant sur la partition la métaphore de pétales de roses flétries, sans oublier ce souffle chargé de sens et d’échos. C’est une bouteille jetée à la mer, une prise de conscience interpellative face à notre passivité… La ballade est somptueuse avec cet équilibre rarement entendu entre une orchestration majestueuse et une incarnation semant le trouble.
Dans la foulée, c’est une plage instrumentale qui s’immisce, laissant derrière elle les ombres de rayonnements contemplatifs, tiraillés sous les vapeurs d’un décor baigné dans la grisaille. A la suite, Tra Ma Vo se veut la douceur tranquille venant répondre aux chœurs quasi fantomatiques de Nolwenn Korbell. La seconde partie du disque est en cela d’apparence plus apaisée, notamment à l’écoute hypnotique de Ur Wech Adarre, une plongée dans un océan d’éther que n’aurait pas renié Robin Guthrie: les rêveries fantasmées se mêlent aux sentiments avant d’achever leur labeur à l’énoncé des vers d’Anjela Duval pour un pont jeté entre les anciens et les modernes, parfait épilogue d’un enchaînement ô combien délicat et nourri d’une foultitude d’enivrements épidémiques. La marque d’une splendide révélation !
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‘Vel Ma Vin de Brieg Guerveno
disponible depuis le 24 janvier 2020. Distribution: Klonosphere
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