[dropcap]P[/dropcap]hilippe Margotin et Jean-Michel Guesdon ont repris leur bâton de pèlerin pour nous proposer, dans leur série « La Totale », un somptueux volume de 670 pages consacré aux chansons du Boss.
Juste avant l’élection américaine et le soulagement rétrospectif mais circonspect qui la suivent, Bruce Springsteen sortait un nouvel album – son vingtième enregistré en studio – intitulé Letter to you. De son propre aveu, il s’agirait là, curieusement, du moins politique de ses opus. C’est le moment ou jamais de s’intéresser aux chansons d’un musicien qui, depuis 1966 (eh oui, cette année-là il enregistre pour la première fois, à l’âge de 17 ans, deux compositions qu’il co-signe avec George Theiss pour le groupe The Castiles) occupe une place de choix dans la vie des Américains, et aussi de ses nombreux fans inconditionnels partout dans le monde.
C’est donc à un double public que ce livre s’adresse : aux fans bien sûr, mais aussi à tous ceux qui apprécieront de faire, à travers les chansons de Bruce Springsteen, un passionnant voyage dans le temps et d’y trouver un bel éclairage sur l’histoire contemporaine et les mutations d’une des nations les plus puissantes du monde.
Comme d’habitude dans cette collection, le livre n’est pas seulement une recension et une analyse des chansons de l’artiste, mais également une biographie de Springsteen à travers une approche discographique, album par album, single par single. De rencontres cruciales en concerts mémorables, c’est toute une carrière que le lecteur voit se dérouler sous ses yeux, et avec elle un pan de la culture américaine.
Tout commence dans le New Jersey, plus particulièrement Asbury Park, qui va devenir le lieu emblématique du Boss. C’est dans le New Jersey, à Long Branch, qu’il naît en 1949 et vit avec sa famille, un père d’origine néerlandaise et irlandaise qui ne lui prodiguera ni amour ni encouragements, une mère d’origine italienne qui fera tout ce qu’elle pourra pour compenser les carences paternelles. N’empêche : dès l’âge de 7 ans, le jeune Bruce Springsteen se sent « aliénant, aliéné et socialement sans domicile », comme il l’écrit dans son autobiographie Born to run. La grand-mère paternelle, elle aussi, vouera au petit garçon un amour inconditionnel. Le choc musical survient en 1956 : à la télévision, Ed Sullivan reçoit Elvis Presley… Le rock vient de faire son entrée dans la vie de Bruce, et n’en sortira plus jamais.
Le livre passe ainsi en revue les principales étapes de la vie du Boss, avec pour portes d’entrée toutes les chansons qu’il a enregistrées. Rencontres, concerts mythiques, anecdotes, informations réservées aux « addicts », les auteurs construisent ainsi au fil des pages un véritable hommage à l’homme et au musicien Springsteen, tout en nous remémorant les grands moments de l’histoire des États-Unis.
Les instruments sur lesquels jouera Springsteen sont également à l’honneur, ainsi que les nombreux musiciens avec lesquels il a joué, en commençant bien sûr par le fidèle E-Street Band. On se rappellera avec un peu d’étonnement que Springsteen a repris la chanson d’Alan Vega, Dream baby dream dans l’album High Hopes, et on apprendra du même coup que le Boss aime Suicide depuis longtemps, qu’il a rencontré Alan Vega et Martin Rev à la fin des années 70.
Springsteen dit même, dans une interview accordée à Mojo, : « … si Elvis revenait de chez les morts, je pense qu’il sonnerait comme Alan Vega. »
Un exemple parmi tant d’autres des facettes multiples d’un artiste qu’on a tendance à ranger un peu vite dans la case des classiques du rock…
Chaque chanson fait l’objet d’un traitement à part entière avec détails techniques, dates d’enregistrements, noms des musiciens, genèse et contenu, réalisation. On pénètre ainsi très vite dans l’univers du musicien, et on s’aperçoit que ses inspirations et ses influences ne sont pas aussi monolithiques qu’on le pense. Le livre constituera le parfait compagnon du fan francophone en ce qu’il réunit en un seul volume imposant une multitude d’informations précieuses, rythmées par des photographies particulièrement bien choisies et mises en scène. Une somme à offrir ou à s’offrir.
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Bruce Springsteen, La Totale de Philippe Margotin et Jean-Michel Guesdon
Éditions E/P/A, septembre 2020
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Image bandeau : Jose Antonio Gallego Vázquez / Unsplash