[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#75d9b1″]T[/mks_dropcap]out recommence avec des claquements de mains, une rythmique étayée par une batterie légèrement en contre-pied. Arrivent les accords d’un clavier sur ressorts, puis le chant charismatique d’Ellie James.
Bumpkin Island est de retour et, cette fois-ci, le groupe nous emporte encore plus loin, poussé par un second long format d’une excellente facture.
Impossible pour l’auditeur de ne pas songer aux montages à la fois accrocheurs et sophistiqués du plus célèbre groupe de rock indé d’Oxford. L’amorce conduite par Spectacular Lives est redoutable. Autant vous le dire d’emblée, le reste de l’opus ne retombera pas dans la facilité d’imbrications trop faciles.
Les rennais oseront d’ailleurs leur conclusion ombragée sur la berceuse Yellow On The Sea, titre calé magnifiquement sur le timbre de Clément Lemennicier qui, tel un funambule, parvient à ne pas chuter du haut de l’édifice. Au contraire, le déchirement de sa voix est source de fragilité magique. Point d’orgue d’un recueil pour le moins épatant. Entre un début cadencé et une fin tamisée, huit autres titres viennent marquer le soin assez bluffant conféré à la matière.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#75d9b1″]B[/mks_dropcap]umpkin Island aura expérimenté maintes et maintes combinaisons au travers de deux EP sortis en 2014 et 2015. C’est d’ailleurs à l’occasion de la promotion de leur Home Work #1 que j’avais eu la chance de rencontrer le groupe (voir le compte rendu ici-même). Un entretien post concert qui révélait à la fois la gourmandise de ses membres, mais surtout leur détermination à être curieux dans la recherche de nouvelles sonorités.
Des aspirations combinées qui, aujourd’hui, viennent se poser sur une trajectoire parallèle à leur prometteur premier album Ten Thousand Nights (2013), qui détonnait déjà du microcosme musical par ses sensations assez proches de bons nombres de mes chouchous islandais. Ceci expliquant aussi mon engouement vis-à-vis du projet !
C’est donc après avoir croqué ici et là, notamment au contact d’une synergie musicale rennaise pleine de saveurs et d’émulations positives, que le désormais sextet parvient à sublimer l’expression fusionnée de ses auteurs, compositeurs et interprètes.
C’est Head Over Heels qui sera chargé de délivrer leur nouvelle carte de visite. Loin d’être un résumé de l’ensemble, cette partie émergée de l’iceberg est tout de même révélatrice d’une flagrante vivacité cuivrée. Efficacité qui résonne dans une évolution tout en glissement habile. Car elle est sans aucun doute ici, la grosse valeur ajoutée d’All Was Bright.
Il y a, bien entendu, le charme dans la brillance assumée d’Ellie James et ses inspirations intenses. Pourtant, derrière ce fil d’Ariane, je retrouve la faculté de ne plus grimper de manière systématique (pour ne pas dire mécanique) vers les sommets, mais le plus souvent de changer de cap à l’intérieur même des éléments. Pas de manière brutale (ce qui aurait été une erreur de style), mais avec une féroce habilité d’écriture. Une certaine logique alors s’installe et fait résonner les enceintes avec beaucoup plus de nuances et d’allure.
Sur Nightingale, je retrouve une mécanique empruntée au jazz. À la première écoute de l’album, c’est ce titre qui m’a le plus marqué par sa maturité… explosive.
Il y a, forcément, derrière le résultat final la patte du « boulimique » Thomas Poli, rencontré aussi bien comme accompagnateur de luxe pour Dominique A que comme réalisateur pour Lætitia Shériff (pour hyper synthétiser le CV de l’intéressé). Néanmoins, la trame brute imaginée par les six protagonistes forge intrinsèquement le respect.
Avec Your Other, c’est le rayon des mouchoirs qui est dévalisé. Ce tire-larmes est d’autant plus puissant que son final revisite les contrées d’une bande originale d’un film que l’on devine poignant.
La Vie Secrète de Frédéric B est une plage instrumentale qui navigue dans la lignée des références électroniques propres au célèbre duo versaillais Air. Là encore, le raffinement cosmique est servi d’une appropriation exquise, mettant en relief cette palette dont la pigmentation principale s’insère parfaitement dans un assemblage bien pensé. Les aspirations modernes seront encore plus flagrantes sur les nappes synthétiques de Sgt Woodbury laissant entrevoir des prochaines aventures toujours plus dynamiques ( ?) Affaire à suivre sur ce versant des exécutions…
Siddharta, chanté par Vincent Chrétien, voit fleurir une progression exponentielle des mouvements. Du folk mêlé de pop faussement simpliste, le morceau prend une envergure pharamineuse qui n’est pas sans rappeler le meilleur chez Of Monsters And Men ou Local Natives. Une fois encore, c’est ma came !
Le point culminant de ces cimes vertigineuses trouve son gîte dans les montées d’adrénaline du titre qui donne son nom à l’album. Il me sera difficile de trouver les mots appropriés pour évoquer l’immense ressenti de cette cascade, cette superposition des instruments et des chœurs. All Was Bright (le titre comme l’album) est, via cette conjonction de coordination, le lien indispensable avec les fabrications du passé. Ce que mes interlocuteurs appelaient les saveurs maisons se déploient désormais autour d’un prisme finement calculé et qui, je l’espère, fera grandement recette.
Pour faire dans le compte rendu lapidaire, cet album (disponible depuis le 3 février 2017) est tout simplement sublime !
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