[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]vec Calls, Canal + a dégainé en cette fin d’année LA trouvaille narrative, LE truc innovant qui va révolutionner la fiction : la pièce radiophonique à la télé !
Oui Canal + a décidé de créer une série télé sans images.
Une idée a priori saugrenue pour un programme télé dont l’intérêt principal depuis sa création est tout de même l’image animée…
Mais, soit, Timothée Hochet, le créateur de la série, a voulu dépoussiérer la série télé en nous proposant 10 épisodes d’une douzaine de minutes sur le principe scénaristique du found footage (pellicule retrouvée).
Calls est donc une série fantastique où sont diffusés des enregistrements audio de toutes provenances (répondeurs téléphoniques, archives NASA, boîte noire d’un Boeing…) et qui relatent des expériences terrifiantes, paranormales ou incompréhensibles sorties de tout contexte.
Mais au fil de l’écoute de chaque épisode, le mystère se dévoile autant qu’il s’épaissit : les bandes, datées de 1999 à 2028 s’avèrent être toutes liées entre elles, d’une manière ou d’une autre…
Canal+, libéré du coût de l’image a mis les moyens pour cette série.
Chaque épisode de Calls a été enregistré en son binaural : une technique qui permet, pour les détenteurs d’un home cinéma, de vivre une expérience immersive, grâce à une spatialisation sonore très précise.
Timothée Hochet a pu également faire appel à un casting de haute volée : Jérémie Renier, Marina Foïs, Gaspard Ulliel, Charlotte Le Bon, Mathieu Kassovitz, Camille Cottin, parmi beaucoup d’autres… dont les voix ne sont d’ailleurs pas toujours reconnaissables (difficile à identifier quand on n’a pas l’image !).
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]I[/mks_dropcap]l faut le reconnaître, l’expérience est plutôt séduisante.
Chaque épisode relatant des moments de crise, de suspense haletant, le spectateur reste suspendu à l’écoute.
La pirouette visuelle (car l’écran ne reste pas totalement noir) fonctionne assez bien : de petites diodes s’allument et s’éteignent quand un personnage prend la parole. En arrière plan, des ombres ou des lumières abstraites nous gardent malgré nous accrochés à l’écran, sans doute par réflexe, puisque l’on sait qu’on ne distinguera rien…
Et finalement, c’est là que le bât blesse : n’osant pas assumer totalement le format exclusivement sonore, parce que c’est de la télé après tout, et que l’écran noir semblerait trop troublant ou ressemblerait trop à une défaillance technique, Timothée Hochet use de ces stratagèmes uniquement pour garder l’attention du téléspectateur… Comme si la bande son ne se suffisait pas à elle-même, ou comme si le spectateur, dépossédé d’une image qui « happe » serait incapable de nos jours de continuer à écouter plus de cinq minutes s’il ne peut poser son regard sur rien d’autre…
Calls est une série bien ficelée malgré tout et assez plaisante à découvrir. Mais elle ne révolutionnera ni le genre fantastique (le scénario est sans doute un peu trop « courant » pour les amateurs du genre) ni le genre found footage, même si la tentative est assez jolie.
Calls de Timothée Hochet
Diffusé sur Canal + Décalé depuis le 15 décembre 2017
Découvrez ci-dessous l’épisode 2 en intégralité.
https://www.youtube.com/watch?v=_iZsN_D-0JE