La Cave Poésie organise la 4e édition du « Salon des éditeurs indépendants » de la Région Occitanie, « mais pas que »… Yann Valade, son directeur, répond à nos questions sur l’histoire de ce théâtre de poche et ses événements interdisciplinaires…
Addict Culture : La Cave Poésie, située en plein cœur de Toulouse, est un théâtre « de poche » fêtant en 2018 ses cinquante ans d’activités. Quelles sont les grandes dates qui ont jalonné son histoire ?…
Yann Valade : Une seule, celle de sa fondation : 1968. La Cave porte en elle les élans révoltés qui caractérisent cette époque. Les aspirations aussi et la méthode, celle de l’éducation populaire.
Le nom de son créateur, René Gouzenne, qui travailla notamment avec Jean Vilar, est intimement lié à ce lieu. Quelles correspondances et filiations peut-on encore trouver dans ce lieu entre le moment où René Gouzenne dirigeait ce théâtre et votre propre direction ? Y-a-t-il un « esprit poche », un héritage artistique ?
René Gouzenne a fait de ce lieu un espace unique à Toulouse dédié aux littératures. Choisir d’affirmer aujourd’hui que la Cave est un lieu des littératures en scène n’est que l’expression de ce qu’il y fit pendant des années : lectures, concerts, spectacles… avec pour seul horizon celui des mots et des grand-es auteur-es. À son époque il défendait Brecht, Aragon, Beckett… Aujourd’hui nous défendons le travail des éditeurs indépendants… C’est la même chose : croire que les mots et la culture sont un outil à même de nous donner les armes pour inventer un autre horizon et construire un autre monde. À l’entrée de la Cave Poésie il y a deux phrases qui affichent la couleur… D’abord Fabienne Yvert : La Poésie en gant de boxe et Serge Pey : Le poème n’est pas fait pour être compris, il est fait pour comprendre. Tout un programme.
Vu la diversité des événements qui s’y déroulent durant l’année, où l’on retrouve sur scène à la fois poésie, musique, chanson, danse, mais aussi des artistes en résidence, quelle forme « d’unité » peut-on trouver à la programmation ? Et comment s’élabore-t-elle ?
Le fil rouge de la Cave se résume simplement : c’est à la fois un lieu des littératures en scène, un lieu de créations hybrides pluridisciplinaires, attentif à la jeune création et un laboratoire d’éducation populaire. À partir de là un champ des possibles infini s’ouvre devant nous…
Ces journées du patrimoine, les 15 et 16 septembre, sont aussi l’occasion de mettre en valeur le patrimoine éditorial de la Région, qui compte nombre de maisons d’édition, le « Bazar littéraire » leur permettant notamment de présenter leurs livres. Mais en quoi cet événement se différencie-t-il d’un « salon » conventionnel ?
D’abord par le traitement réservé au livre. Dans ce bazar pas de mètre linéaire de tables avec des livres allongés côté à côté comme autant de vacanciers sur une plage bondée de la côte landaise en plein mois d’août. À la Cave Poésie le livre se ballade, à la fantaisie de chaque éditeur… buffet de cuisine, table d’écolier, étagères… Chez René on est chez soi, on déambule, on passe de la cuisine au salon, on s’installe dans un canapé pour feuilleter un bouquin… il y a une convivialité qui donne son identité à l’événement. Il y a aussi le choix de proposer durant le salon des ateliers de sérigraphie, de cyanotype pour aborder l’édition d’un point de vue de la fabrication et puis, toujours, des lectures et du spectacle vivant.
Avez-vous le sentiment que cet événement appréhende la littérature dans l’espace public de manière novatrice, et quels seront les temps forts de cette 4e édition ?
J’espère mais ce n’est pas à moi de le dire… Pour les temps forts, bien sûr le loto littéraire qui sera proposé en fin d’après-midi le samedi… à la place des chiffres on tirera des mots… à celui qui a la quine d’inventer une phrase à partir des mots de son carton… et pour les lots à côté du jambon de pays et de la bonne bouteille à gagner il y aura de bons livres d’éditeurs du cru, des invitations, des abonnements…
Côté lecture, le samedi, il y aura la lecture performance de Nicolas Gonzales à partir de son ouvrage La Rotation du cuivre (il sera accompagné par Sozan Kariya, grand maître japonais de Shakuhachi, une flûte traditionnelle), ou l’hommage au poète Luc Soriano, avec les éditions Tapuscribe ; sans oublier le dimanche la performance d’Arthur Daygue et Fabien-Gaston Rimbaud sur Quartier en guerre de Seth Tobocman publié par CMDE.