[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]uteur très connu, adapté plusieurs fois au cinéma, Dennis Lehane m’avait plutôt déçu avec ses dernières œuvres.
Il donne ici une nouvelle suite à l’extraordinaire Un pays à l’aube, en quelque sorte le troisième tome.
Le deuxième, Ils vivent la nuit, laissait un fort goût de déception.
C’est donc avec une certaine appréhension que j’ai abordé Ce monde disparu.
Or, ce nouvel opus ravive la flamme à demi éteinte.
Dennis Lehane réussit un bon livre, intéressant et même plutôt très bon sur la fin. Dommage qu’il ne soit pas allé plus loin à mon avis.
Joe Coughlin élève son fils Tomas tout en continuant à travailler pour la mafia italienne. Il est le golden boy, celui qui fait gagner beaucoup d’argent. Mais, surprise, il découvre qu’un contrat a été mis sur sa tête.
Une femme emprisonnée, Theresa Del Frisco, lui souffle cette information lors d’un rendez-vous arrangé et lui demande en retour son aide. Quel dommage que ce nouveau personnage ne prenne pas plus d’importance ! En effet les pages écrites par Lehane à propos de Theresa font partie des meilleures du livre. Theresa, formidable héroïne mafieuse, qui tue son mari volage, échappe à diverses tentatives d’assassinat en prison et fait tout pour protéger son fils.
Nous allons assister aux efforts de Coughlin pour protéger son fils, aider son frère de sang, Dion, en difficulté avec la Famille, garder sa maîtresse, et se sauver lui-même de l’embarras où il se trouve.
De chapitres décousus, en pages qui semblent parfois inutiles, Lehane mène ses personnages.
Heureusement il est aussi capable de nous émouvoir, notamment dans les relations père-fils ou encore les états d’âme de Coughlin.
Parce que Joe Coughlin est un homme qui va mal. Il a perdu sa femme quelques années auparavant et est visité tout au long du livre par un fantôme dont il ne sait rien. Ce fantôme fait le lien de l’histoire. Il apparaît sans cesse à des moments charnières. La révélation de son identité nous amène indéniablement à un grand sentiment de proximité avec Coughlin et nous pousse à revisiter, revoir la totalité de cette oeuvre.
La nostalgie qui se dégage de ces passages est la grande réussite de Lehane dans Ce monde disparu. Joe Coughlin s’y révèle un être plein de contradictions. Capable du pire mais aussi du meilleur. Ses allusions à son père et au père qu’il est lui-même devenu sont très belles.
Ce monde disparu de Dennis Lehane, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Isabelle Maillet, Editions Rivages, collection Thriller, octobre 2015
Photo bandeau : Mel Melcon
Je te rejoins, Seb. Nostalgie et fatalité teintent ce bon roman, qui n’atteint pas mes souvenirs d' »un pays à l’aube », « shutter island » – mais le peut-il ? – et la plupart des Kenzie/Gennaro, « Moonlight mile » étant un peu en retrait selon moi. Mais une réussite, de même que « quand vient la nuit ».
Et tu as lu « la septième fonction du langage », de laurent Binet ? Un régal.