Pour faire corps avec mon sujet, c’est vêtu de ma plus belle robe de chambre et charentaises aux pieds que je vais écrire la chronique de Chambers, nouvel album de Chilly Gonzales, sorti le 23 mars chez Gentle Threat / Pias.
Bien allumé, fantasque, multiple, piano heroe (The Musical Genius), Chilly Gonzales fait partie de ces rares artistes qui marquent une vie, un homme. Parmi ces hommes, votre serviteur, moi, mézigue, Bucky Bleishirt. Car c’est à l’écoute de Solo Piano que je me suis dit : « eh oui, mon con, tu es enfin devenu un bonhomme, tu es capable d’écouter et apprécier un album de pianiste ». Ce disque a clairement fait tomber quelques barrières solidement fixées dans mon esprit si fin, si brillant, mais un poil étriqué. Une sorte de dépucelage en règle des oeuvres pour piano. C’était bon.
Donc, en ce saint mois de mars de l’an 2015 après J.C., Jason Beck a.k.a Chilly Gonzales et sa fêlure toute personnelle, entre profondeur mélancolique et euphorie givrée, nous présente Chambers, un album pour piano et quatuor à cordes. Gonzales, Gonzo l’intime, fait, ici, cohabiter la musique pop et la musique de chambre. Exercice périlleux puisqu’en musique classique, parait-il, la composition pour quatuor à cordes, formation reine, est considérée comme une prouesse de 1er ordre. La vieille classe, en somme… Faire cohabiter musique de chambre et pop music avec bonheur : la putain de vieille classe.
Vous l’aurez compris, je suis autant spécialiste en musique classique qu’en broderie sur tricot (à mon grand regret car c’est très joli). Donc WTF, l’espace d’un instant, assailli de doutes, je me suis fait la réflexion suivante : « il nous prendrait pas pour des lapins de 3 semaines le père Gonzales en empruntant des formules très efficaces, imparables, de la musique classique ? Ca serait pas un peu de l’esbroufe c’t histoire ? Le genre de truc un peu attrape couillons qui va plaire à ceux qui n’y connaissent rien. » Ce à quoi j’ai répondu dans la foulée « je ne sais pas, et je m’en tamponne le coquillard ». Je suis pris au piège, tel un papillon (de lumière) dans un filet à papillon (ça se tient…). J’aime être candide, naïf, innocent. Je signe des 2 mains pour devenir totalement crédule et apprécier les choses les plus simples, en musique et en broderie. Alors oui Chilly, je dis OUIIIII !!! Prends-moi pour une truffe et fais-moi vibrer !
Entendons-nous bien, Chambers n’arrive pas à la cheville de Solo Piano, cependant je suis en mesure de vous affirmer que c’est un très bon disque. J’aime le sautillant, guilleret, tennistique Advantage Points (dédié à John Mc Enroe), le très classe, magnifique, très solopianoesque Sweet Burden (coup de coeur) et le si intime, touchant et bouleversant Freudian Slippers (chef d’oeuvre). J’aime moins le rythmé Sample This, référence au pe-ra, autre marotte de Gonzo qui clame ici et là que l’album multiplie les clins d’oeil au hip-hop. Mouais… vite fait, alors. Mon oreille n’est peut-être pas encore assez aguerrie. J’ai quand même envie de tenter un irrévérencieux mais sincère « bullshit ! ».
Cello Gonzales, 1ère pièce écrite pour cet album, est à mon sens le titre le plus représentatif de Chambers. Le piano se met au service du violoncelle, et inversement. Le jeu tout en finesse, pop jusqu’au bout des touches de Gonzales, est clairement reconnaissable et donne un ensemble parfaitement cohérent. Ce titre nous montre clairement sur quel chemin Gonzales a voulu nous emmener.
Petite curiosité de l’album, Chilly pousse la chansonnette sur Myth Me oscillant entre légèreté et gravité. Le côté schizophrène du bonhomme est ainsi parfaitement illustré.
Merci Gonzo de contribuer à mon enrichissement culturel par la découverte d’une musique vers laquelle je ne me serais sans doute jamais tourné.
Bisous,
Bucky.
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