[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#9c9c4c »]E[/mks_dropcap]ntrer dans un roman d’Emmanuelle Pireyre, c’est comme faire un rêve très étrange et en ressortir groggy. Tout semble réel durant le rêve et pourtant le décalage avec la réalité est franc. Son dernier roman Chimère est une comédie réjouissante qui mêle les thèmes de la modification génétique et de la politique européenne. Il est difficile de résumer son histoire tant elle entremêle différents éléments fictifs.
Tentons tout de même ! On suit une écrivaine nommée Emmanuelle. Elle est invitée par le journal Libération à écrire un article sur les OGM. Dans cette optique, elle rencontre Tatiana, une biologiste zélée qui habite à Newcastle. Emmanuelle revient en France avec une lampe que la scientifique lui a transmise pour la remettre à une amie nommée Brigitte. Elle rencontre le biologiste Jacques Testart, l’une des personnalités réelles qui rejoint cette fiction. Il lui recommande d’aller suivre un panel de citoyens qui, dans le cadre d’un programme européen, va réfléchir à une thématique affectée à chaque pays de l’Union. La France réfléchira sur le thème du temps libre, ce qui en déçoit certains.
Voilà un aperçu de la direction que va prendre le roman. Mais cela reste assez réducteur car on oublierait l’importance du personnage de Wendy, la gitane idéaliste, de Brigitte et de son chien-homme Alistair ou encore du scientifique Mexicain Arturo. Ces diversités fictives font de Chimère un roman multiple, se gonflant à chaque page d’un imaginaire débridé. Contaminé par l’évocation des OGM, le livre en devient un également. C’est aussi un parallèle avec l’Europe dont l’importance devient plus forte au fur et à mesure de l’histoire.
Emmanuelle Pireyre décoche des flèches narratives partant chacune dans une direction bien précise. Elle semble maîtriser le résultat qui va venir comme une explosion drolatique aux yeux du lecteur. L’humour de ce texte est aussi aiguisé que sa perception politique. Mais Chimère n’a pas de message, il illustre juste le rêve chimérique d’une Europe uniformisée, son appareil politique lançant d’illusoires consultations citoyennes. La figure du maïs que l’on retrouve dans Chimère illustre l’ingénuité d’Emmanuelle Pireyre à produire une fiction illustrant une réalité politique très présente. Le lecteur y réfléchit saisi par un rire nerveux.