[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]près des débuts aux éditions Fleuve noir, DOA intègre la prestigieuse série noire avec Citoyens clandestins.
Roman foisonnant et passionnant. Il met en scène de nombreux personnages. Les annexes à la fin du livre ne sont d’ailleurs pas inutiles. Parfois, il m’a fallu aller me repérer pour rester dans l’histoire et ne pas rater quelque chose d’important. En effet, les « héros » ont un nom et certains un alias. DOA semble s’amuser de cela dans son œuvre et d’une ligne à l’autre Kamel Ksentini peut être appelé simplement Kamel ou Ksentini ou encore Zoubeir Ounnas, son alias.
Lire DOA, c’est une expérience, un tourbillon et j’ai vite compris qu’il fallait être à ce qu’on faisait. La concentration est de mise. Cela peut rebuter. Personnellement, cela me passionne.
DOA ne fait rien pour aider son lecteur et un simple mot peut faire toute la différence entre la compréhension immédiate des choses ou une attente de plusieurs chapitres pour comprendre un point essentiel du roman.
Cela aussi est une sorte d’épreuve. Mais quel plaisir en littérature de devoir être attentif et de comprendre ce que l’auteur cherche à nous dire, tout en le cachant, le dissimulant à moitié (voire plus!).
Ce style, un peu froid, un peu austère de DOA me semble également approprié à ce qu’il nous raconte dans Citoyens clandestins.
A la veille du 11 septembre 2001, les autorités françaises s’affolent. Un produit chimique, égaré en Irak, semble être tombé entre de mauvaises mains. Tout indique qu’un attentat se prépare sur le sol français. La chute des tours jumelles ne va pas arranger les choses.
Un officier, sous une fausse identité, a réussi à intégrer une cellule française soupçonnée de terrorisme. Nous allons suivre son parcours.
Il rendra, quant il le pourra, des comptes à ses supérieurs. Nous faisons également la connaissance de ces personnes. Pas pour le meilleur.
Et puis, il y a les indépendants. Qui ont joué dans la cour des grands. Qui se sont retirés mais qui tirent encore des ficelles dans l’ombre. Utilisant surtout un homme : Lynx. Un homme caché, en réserve de la République. Un tueur professionnel. Un homme robot, qui tue sur simple ordre. Personnage central et extraordinaire. Le lecteur n’est pas au bout de ses surprises avec lui. Pour savoir, il faudra aller au bout du roman, dans un final grandiose.
Il y a aussi le policier infiltré, dont la mission n’est pas si claire, qui doute petit à petit et risque sa vie dans les milieux extrémistes islamique, prêt à tout faire sauter.
Enfin, il y a les journalistes : Amel Balhimer et Bastien Rougeard. En traque de scoops, ils iront loin pour trouver des vérités. Ils auraient aimé aller plus loin mais…
La grande force de ce récit est de mélanger l’espionnage, la politique, les élections présidentielles, les intérêts de la France à l’échelle du monde et l’intime.
DOA dissèque les états d’âme de plusieurs de ses personnages. Certains en ressortent grandis, d’autres non. Certains sont plus humains qu’on ne le pensait au début.
Citoyens clandestins est un livre impossible à lâcher pour peu qu’on rentre dans l’histoire, qu’on accepte de se laisser emmener à droite à gauche.
Difficile d’en proposer un extrait, quelques lignes tant il me semble qu’il constitue un tout, un œuvre entière, qu’il faut lire du début à la fin, mains tremblantes et esprit en ébullition.
Citoyens clandestins, DOA, Gallimard, Série noire, février 2007