[mks_pullquote align= »left » width= »725″ size= »18″ bg_color= »#e82177″ txt_color= »#ffffff »]Nous vous proposons quelques conseils de lecture d’été à emporter dans vos bagages, ou à dévorer sur votre balcon, une terrasse de café ou en pause déjeuner ! Des comptes rendus de lecture courts voués à vous donner une seule et unique envie : Vous évader à travers votre lecture ![/mks_pullquote]
Le choix de Catherine
Will – Will Self traduit par Francis Kerline
Paru chez Éditions de l’olivier, février 2021
Les éditions Éditions de l’olivier sur Twitter – Instagram – Facebook
[dropcap]A[/dropcap] utant l’avouer tout de suite : avec ses trois derniers romans, le formidable Will Self avait mis à rude épreuve l’endurance de ses fans… Divine surprise, c’est avec un texte autobiographique que le fantasque Anglais nous revient. Une autobiographie circonscrite à une période bien précise : les années 80, au cours desquelles notre homme s’est plongé avec délices dans une toxicomanie aussi frénétique qu’envahissante. Paradoxalement, Will est un livre bourré d’énergie, de drôlerie, d’auto-dérision, une véritable explosion de talent et d’audace. Londres, l’Australie, l’Inde : Will Self nous balade au gré de ses propres aventures, saute d’un continent à l’autre sans crier gare, et explore ses années junky comme autant d’étapes décisives vers son destin d’écrivain. Il évoque avec une lucidité sans pareille la vie obsessionnelle et totalement égocentrique du toxicomane pour qui ce qui compte, c’est la prochaine dose. Le monde pourrait bien s’effondrer autour de lui – et il arrive qu’il le fasse -, rien ni personne n’a vraiment d’importance. Ainsi, avant de partir au Népal où sévit l’hépatite, Will va faire ses courses : une dose de gammaglobulines, et un peu d’héroïne. Rétrospectivement, Will Self traverse des périodes clés de la vie du Royaume Uni, son écriture caracole autour de la culture de l’époque, éveillant en nous des réminiscences ou des curiosités, et retrouvant du même coup une fraîcheur et une puissance salutaires. On saluera au passage la performance du traducteur Francis Kerline.
[divider style= »dashed » top= »20″ bottom= »20″]
Les choix de Sandrine
Hamnet – Maggie O’Farrell traduit par Sarah Tardy
Paru chez Belfond, avril 2021
Les éditions Belfond sur Twitter – Instagram – Facebook
[dropcap]B[/dropcap]ien qu’inspiré de la vie du grand William Shakespeare, par ailleurs jamais nommé, c’est son fils Hamnet, mort en 1596 à l’âge de onze ans, qui donne son titre au dernier roman de Maggie O’Farrell, tandis que l’épouse du dramaturge, Agnès Hathaway, en est la singulière et inoubliable héroïne.
Le roman suit à la fois les heures précédant la mort d’Hamnet et la genèse de la relation entre le jeune Will et la belle Agnès. Cette fille étrange et sauvage qui s’en remet aux forces de la nature, cueille des plantes avec lesquelles elle confectionne potions et onguents et bat la campagne en compagnie de sa crécerelle. Elle possède le don de voir l’âme des gens et de soigner les corps, ce qu’elle fait avec une infinie bonté. Sa rencontre avec Will, fils d’un gantier acariâtre et désargenté, scelle son destin d’épouse et de mère. Tandis que la scène londonienne et la gloire éloignent ce dernier de Stratford, Agnès porte la famille à bout de bras. Mais le malheur n’est jamais loin et la tragédie frappe un beau matin, alors que la maison est désertée et que le jeune Hamnet se retrouve seul au chevet de sa sœur malade.
Dans ce vibrant hommage à la littérature, Maggie O’Farrell déroule les fils d’un récit flamboyant, puissant et poétique. Entre réalité et fiction, onirisme et réalisme magique, Hamnet est à la fois un merveilleux hymne à la vie et au monde animal et végétal, visible et invisible et un roman sur la puissance de l’amour maternel, conjugal et fraternel.
[divider style= »dashed » top= »20″ bottom= »20″]
Dans les forêts – Pavel Melnikov-Petcherski traduit par Sylvie Luneau
Paru chez Éditions des Syrtes, janvier 2020
Les éditions Des Syrtes sur Twitter – Instagram – Facebook
[dropcap]P[/dropcap]rofitons donc de ce repos estival pour plonger dans les 1500 pages de cette vaste fresque, considérée comme l’un des monuments de la littérature russe, et arpenter les sombres et mystérieuses forêts à la rencontre des personnages hauts en couleur de la Russie du XIXème siècle.
Fonctionnaire zélé et écrivain ethnographique, Pavel Melnikov-Petcherski (1818-1883) partit lui-même à la rencontre des héros ordinaires de cette épopée extraordinaire. Dans un récit foisonnant, aussi singulier que fascinant, il nous emmène ainsi à la découverte de la Russie profonde et nous livre avec force minutie et détails les différents aspects du monde paysan et du quotidien des vieux-croyants dans les territoires de la Trans-Volga de l’époque, loin de la vie citadine de Saint-Pétersbourg.
Composé comme un poème épique, séparé en chants, l’ouvrage, qui se déroule entre Noël et la Pentecôte, montre remarquablement cette façon de vivre entre usages chrétiens et rites païens. Privilégiés du « raskol » (cette scission qui survint au sein de l’Église orthodoxe russe au XVIIème siècle), paysans richissimes régentant la navigation de la Volga, maîtres de maison, hommes et femmes d’église, artisans et paysans mais aussi gens du petit peuple, vagabonds et pèlerins défilent sur la scène de cette fresque truculente et baroque, pour composer un hymne à l’amour, à la nature et à la joie de vivre.
[divider style= »dashed » top= »20″ bottom= »20″]
Le choix de Barriga
Paresse pour tous par Hadrien Klent
Paru chez Le Tripode, 6 mai 2021
Les éditions Le Tripode sur Twitter – Instagram – Facebook
[dropcap]V[/dropcap] oilà un livre pertinent et drôle pour cet été. A l’heure où la politique n’intéresse plus grand nombre, ce roman remet en perspective notre vision que l’on se fait d’elle entre défaitisme, dégoût, exaspération, ou au contraire militantisme et espoir.
Imaginez si demain on travaillait trois heures par jour ? C’est la thèse défendue par un étrange hurluberlu un brin rêveur, Emilien Long, Prix Nobel d’économie, dans son essai très sérieux et documenté Le Droit à la paresse au XXIesiècle. L’accueil du livre est partagé, considéré comme fantaisiste par certains journalistes conservateurs, voire même discrédité, un débat malgré tout s’ouvre avec des observateurs séduits par le postulat de notre Emilien Long. Et puis le doute s’installe, porté par une analyse précise et factuelle, l’idée commence à séduire un large public. Et si un nouveau monde était possible ? Poussé par tant d’enthousiasme pour sa cause, notre héros décide de s’engager pour les élections présidentielles de 2022 et rentre en compagne avec une équipe toute acquise à sa candidature…
Le roman n’est pas un simple pastiche mais un livre parfaitement fouillé où tous les thèmes sociétaux sont mis dans la balance. Le consumérisme, l’écologie, le partage des richesses, le droit au travail pour le plus grand nombre, notre part individuelle à l’effort collectif se réduit-il nécessairement à notre productivité ? Est-ce qu’il n’y aurait pas un élan de solidarité entre nous tous pour que tout le monde puisse vivre dignement de son travail ? Face à l’urgence climatique il y a certainement une autre manière de consommer plus juste pour préserver l’environnement et éviter l’exploitation d’indigents dans le monde. Le livre apporte une certaine vision de l’avenir. Il y a de nombreux clins d’œil à l’actualité proche, le confinement, le paysage politique que nous connaissons actuellement, les amorces de débats sociétaux notamment celui du revenu universel proposé par les socialistes considéré aujourd’hui comme une douce utopie impossible à mettre en place.
Le livre propose des idées en filigrane, le lecteur peut s’interroger de lui-même sur les thèmes abordés, amenés avec justesse et beaucoup d’humour. C’est ce qui fait la réussite de ce roman, c’est la qualité dans la progression de l’intrigue. On ne tombe jamais dans le pamphlet de mauvais aloi, moralisateur et ennuyeux, il y a des rebondissements, des moments de doute comme une campagne peut en connaître. Il y a une galerie de personnages profondément sincères, généreux, authentiques, humains. On rit beaucoup au dépend de notre héros un peu Pierre Richard sur le retour, optimisme de nature, on éprouve un capital sympathie qui défend du mieux qu’il peut ses convictions. Une très belle réussite !
[divider style= »dashed » top= »20″ bottom= »20″]
Pour retrouver l’ensemble des conseils de lecture d’été n’hésitez pas à cliquer ici :
[mks_button size= »large » title= »TOUTES NOS BRÈVES DE LECTURE » style= »rounded » url= »https://addict-culture.com/category/litterature-addict-culture/breves-de-lecture/ » target= »_blank » bg_color= »#e82177″ txt_color= »#FFFFFF » icon= » » icon_type= » » nofollow= »0″]