[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]es relations mère-fille sont le noeud principal du premier roman de Lynn Steger Strong, Contre moi.
De l’enfance jusqu’à la fin de l’adolescence. Maya est une mère à la fois tyrannique et absente. Elle oscille entre les deux. Elle s’immisce dans la vie d’Ellie, sa fille, de manière parfois outrancière mais elle est aussi capable de disparaître pendant des semaines et de laisser son mari prendre soin de leurs deux enfants.
Le prologue est, à ce propos, magnifique et très parlant pour la suite du roman. D’autant que si nous avons ici le point de vue de la mère, celui de la fille viendra plus tard dans l’histoire.
Si l’on peut voir cette jeune adolescente, Ellie, comme une fille perdue dans sa vie (drogues et mauvaises fréquentations, cures de désintoxication à répétition), sa mère n’est pas exempte de reproches. L’auteur nous propose l’alternance entre les chapitres évoquant la vie de cette famille, déjà pas si simple avant le drame, et les chapitres au moment du drame provoquée par Ellie.
Comment en arrive-t-on là ? Quels ressorts font avancer ou reculer cette famille? Lynn Steger Strong ne se contente pas de prendre le point de vue des deux personnages principaux (la mère et la fille), elle fait aussi intervenir le père et le jeune fils, tous deux déboussolés. Il y a aussi une amie de la mère, également très présente et vindicative.
L’atmosphère est étouffante. Le drame évoqué dès le début du roman prend du temps à se matérialiser mais l’auteur nous laisse suffisamment d’indices pour que nous devinions de quoi il s’agit. L’horreur prend alors le dessus et nous lisons les derniers chapitres incrédules.
Contre moi de Lynn Steger Strong, traduit de l’anglais (États-Unis) par Héloïse Esquié, Éditions Sonatine, avril 2017