Cette semaine nous vous proposons un focus sur nos coups de cœur du 1er trimestre dont nous ne vous aurions pas encore parlé ! Nous vous proposons de revenir aujourd’hui sur 6 disques qui ont contribué à faire de ce premier trimestre musical un très bon cru ! RDV demain pour découvrir la suite !
Revenant – Cascadeur (Decca Records/Universal Music)
11 Mars 2022
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[dropcap]Q[/dropcap]uatre ans après Camera, Alexandre Longo alias Cascadeur est de retour avec un nouvel opus appelé Revenant. L’on ne sait si notre Orphée messin est revenu du royaume des Morts ou des Vivants pour embrasser nos lèvres, tant l’artiste aime semer le flou sur la frontière fragile entre ces deux mondes, mais il est certain qu’il y a trouvé là-bas l’inspiration pour y composer un disque onirique d’une folle beauté.
Artiste total, Cascadeur poursuit sa mue et abandonne pour Revenant son personnage de motard pour adopter l’attirail d’un super héros volant. Exit le casque, place au masque. Pas par effet de mode, rassurez-vous. Même si Revenant trouve des échos troublants avec l’actualité, comme sur le titre d’ouverture Les Ombres ou encore Respirator, le disque a en effet été composé avant la pandémie de Covid 19. Cette coïncidence permettra cependant à nombre d’auditeurs de transcender ces tristes évènements tant l’artiste nous invite à nous envoler loin de la banalité du quotidien à travers les compositions somptueuses qui émaillent Revenant. Revenu peut-être sauver nos âmes meurtries, Cascadeur accomplit en tout cas la mission de faire planer très haut nos oreilles.
Autre changement, le chanteur s’essaie à la langue française sur plusieurs titres du disque alors qu’il n’avait jusqu’alors chanté que dans la langue de Shakespeare pour mieux se cacher. Un changement de langue comme une mise à nu et qui permet à cet auteur insaisissable de dévoiler un peu plus sa sensibilité et ses fragilités, portées par une voix de tête incroyable. Revenant n’est pas seulement un album de retour mais surtout un disque où l’on voit un artiste se réinventer et nous emmener avec lui vers de nouveaux horizons musicaux. Un voyage magique dans cette capsule de treize titres dont nous ne sommes toujours pas revenus, à compléter en cas de redescente brutale par les versions au piano généreusement offertes par l’artiste pour le Piano Day 2022 ou en le rencontrant sur scène lors de sa tournée prochaine.
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Earth Capsules – Crenoka (Figures libres records)
25 Mars 2022
[dropcap]À[/dropcap] la lecture du descriptif, il pourrait sembler commode de tourner le dos à la complexité décrite de ce singulier projet méritant une adhésion sans retenue. L’artiste que nous vous présentons ici a réussi le pari un peu fou d’émettre un véritable attachement, en grande partie grâce à la fécondité artisanale de son univers fantasmagorique. Derrière les effusions digitales d’Earth Capsules se trame un véritable petit bijou à jauger au titre d’une pop « geek » moderne. L’intéressée absorbe les styles tout en jonglant avec un charme stylisé. Les vibrations paraissent alors tout aussi scientifiques qu’aguicheuses à l’ouïe, au point de vous mettre la tête à l’envers. La technologie n’est pas outrancière mais destinée à soutenir le propos, cette quête existentialiste vitale lorgnant sur un futur à reconstruire. L’onirisme qui en ressort est paradoxalement clairvoyant, tandis que les ondes qui se dégagent de cette somme des possibles redonnent un souffle d’air littéralement impressionnant et salvateur. Crenoka fait partie de ses héroïnes imprégnées savamment de notre époque, tout en gardant une oreille aiguisée et tendre vis-à-vis de l’avenir. De quoi ajouter, avec un timbre pas éloigné de Warpaint, au piment de nos éclectiques aspirations.
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The Long Defeat – Deathspell Omega (Noevdia)
23 Mars 2022
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[dropcap]D[/dropcap]eux constantes, rassurantes, chez Deathspell Omega : leur intransigeance quasi pathologique et la qualité de leur livraison. Pour la première, à l’inverse du pas de côté fait pour The Furnaces of Palingenesia, retour aux fondamentaux : pas de pub, pas d’interview, pas de vidéo, annonce de la sortie une semaine avant via bandcamp et le label du groupe. Bref, plan marketing en béton, cauchemar des agences de communication, et niveau d’exigence tellement élevé qu’il ferait passer Fugazi pour un Tryo vénal. De la première constante découle également la seconde : quel besoin de faire de la pub quand on peut tout miser sur l’excellence musicale ?
Je vous rassure : The Long Defeat est excellent, as usual. Pourtant, il risque d’en dérouter plus d’un. Pourquoi ? Parce que depuis Paracletus, les Poitevins livraient des disques d’une intensité exceptionnelle, hardcore remarquable de tension, de concision et de claustrophobie. Pour The Long Defeat, le groupe semble revenir au temps de Si Monvmentvm et synthétise à lui seul les deux orientations du groupe : hardcore et … progressif.
Sur la première face, le quatuor devenu trio, délaisse la concision de leurs compositions pour une approche moins violente, plus théâtrale, grandiloquente, avec un goût de cendres très prononcé. Il y a dans cette première face quelque chose de désespéré, résigné, avec cette sensation de destruction absolue dont on ne peut se relever, une solitude menant à la folie, faite d’interprétations, de distorsions et de mégalomanie.
Sur la seconde, cette sensation de destruction reste encore prégnante mais se teinte à nouveau de hardcore pour emprunter des chemins étonnants (la seconde partie de The Long Defeat par exemple, Sie Sind et son découpage ahurissant) et parvenir à impulser de nouveau une rage et une violence qui étaient en sourdine quelques minutes auparavant. C’est à la fois grandiose, déroutant, d’une qualité remarquable et impose, comme à chacune de leur sortie, Deathspell Omega comme le meilleur groupe de black metal français en activité ce jour. Indispensable.
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Social Violence – Fabulous Sheep (Bitter Noise)
25 Mars 2022
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[dropcap]I[/dropcap]l manquait quoi exactement aux troubadours de Fabulous Sheep avant la sortie de cette nouvelle salve ? Sans doute un peu de furie décomplexée, une accroche directe histoire de décrocher la timbale. Certes, le rock racé était de mise mais il manquait à la formation cette once de valeur ajoutée dans l’optique de les faire décoller du simple statut de groupe estimable vers une reconnaissance sans faille. En 2022, l’album Social Violence enclenche toutes les vitesses d’un coup et il faut bien concéder que le groupe explose à tous les niveaux. Le message est brut, chargé de dérision fataliste à la faveur d’une production qui déclenche une frénésie certaine. Incisives, concises, directes, remontées à bloc et engagées comme jamais, les nouvelles compositions sonnent avec brio… Tantôt comme une cousinade empruntée aux Clash (Believe In God), tantôt percutant la sphère avec malice (Parasite) ou dégainant une pop découpée à la scie électrique pour le « tubesque » Satellite. Le cri est déployé derrière un saxo sexy et des percussions atomisées. La machinerie tapageuse est parfaitement calée. Leur meilleure performance à ce jour sera donc à souligner d’un vif intérêt s’ils passent près de chez vous. Bristol a Idles, Liège a It It Anita, Béziers a Fabulous Sheep. Et rien que ça, c’est du baume au cœur pour cet affluant d’énergie et de sentiment punk.
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I’m Not Sorry, I Was Just Being Me – King Hannah (City Slang)
22 Février 2022
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[dropcap]A[/dropcap]près un premier EP paru en 2021 du nom de Tell Me Your Mind And I Tell You Mine, King Hannah, duo de Liverpool composé d’Hannah Merrick et Craig Whittle nous offre I’m Not Sorry, I Was Just Being Me, un superbe album qui vient confirmer tout le talent de ces deux jeunes musiciens sous la haute et belle influence, entre autres, de Mazzy Star ou de Cat Power à ses débuts.
Les premières notes d’A Well-Made Woman posent d’entrée le ton et nous entraînent au fond d’un bouge malfamé, illuminé seulement par la présence magnétique d’Hannah et les éclairs électriques de la guitare ce Craig. Voix sublime, ambiances intenses et subtils, I’m not Sorry, I was Just Being Me impressionne et ensorcèle, nous laissant pantois devant tant de classe.
De Big Big Baby à All Being Fine, en passant par l’épique The Moods That I Get In, King Hannah frappe un grand coup avec un album dense et délicat, serpentant aussi bien les rues grises de l’Angleterre que les déserts de l’Amérique profonde !
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The Gleam – Park Jiha (Glitterbeat)
25 Février 2022
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[dropcap]C’[/dropcap]est un voyage sensible qui nous est offert ici à travers cette troisième œuvre musicale imaginée par la multi-instrumentiste Sud-Coréenne Park Jiha. C’est une exploration qui navigue sur des rivages intérieurs pour mieux nous bercer au son du saenghwang (sorte d’orgue de bouche exposé d’ailleurs sur la pochette) mais aussi des étonnants piri, yanggeum ou encore glockenspiel. Autant de résonances ancestrales venues du pays des matins calmes. De quiétude il en est justement question, de respirations contemplatives également avec ce grain qui vient vous surprendre en pleine méditation. The Gleam est tout bonnement fantastique dans tous les sens du terme. Il serait facile de ranger les neufs titres au rayon des compositions minimalistes. Il en ressort pourtant une telle harmonie, une telle splendeur intense que le processus ne peut conduire qu’à une surabondance d’admiration, notamment à l’écoute de la délivrance mélancolique intitulée symboliquement A Day In… dont l’emplacement au cœur du disque renforce l’aspect poignant de l’ensemble. Bref, la musique finement pesée par Park Jiha est une surprise qui semble tombée du ciel pour le plus majestueux des cheminements.
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