Alex Cousseau est un auteur de littérature de jeunesse bien connu. Il a déjà une œuvre conséquente et de qualité. Outre les albums, il écrit aussi des romans, parus notamment chez Rouergue.
Récemment, je me suis régalé avec les aventures de Charles le petit dragon (albums parus chez Seuil), aussi quand Rouergue a sorti Courir le vaste monde, la curiosité l’a emporté. Quelle bonne idée ! C’est un formidable roman d’aventures !
De1756 à 1773, de la Bretagne jusqu’à l’océan indien, Alex Cousseau nous entraine avec ses héros, un grand frère et une petite sœur qui raconte leur histoire, bien loin d’être banale.
Lison et Eliaz ont perdu leur mère peu de temps après la naissance de la petite fille. Ils grandissent entourés de leur père et de leur formidable voisine, Mona, seconde mère. La vie n’est pas facile mais l’amour entre eux tous, très présent. Pourtant le malheur va frapper à nouveau quand leur père disparait à son tour.
« Les hommes ont beau construire des calvaires et des chapelles à la gloire de Dieu, l’océan attend, en embuscade, prêt à tout balayer sur son passage. »
─ Alex Cousseau, Courir le vaste monde
C’est à Eliaz de s’occuper de Lison mais il a soif d’aventures. La mer l’appelle. Lison se retrouve devant le fait accompli : elle va apprendre un métier à Brest pendant que son frère va partir. Mais Lison est un très beau personnage et on sait dès les premières pages qu’elle va se rebeller et prendre la mer à son tour, à la recherche de sa famille : de son frère mais aussi dans son imaginaire, de sa mère et du fantôme de son père.
« La plupart des garçons, voilà ce que je me répète.
Les mots d’Eliaz me tournent dans la tête.
La plupart des garçons de mon âge n’iront jamais sur l’eau.
Et à aucun moment il n’a parlé des filles. Parce que ce monde océanique est masculin. Les filles et les femmes en sont exclues, de manière définitive et sans explication rationnelle. Les filles et les femmes en sont exclues parce qu’il en toujours été ainsi. Parce que les hommes en ont décidé de la sorte depuis la nuit des temps, point à la ligne. »
─ Alex Cousseau, Courir le vaste monde
Ah, Lison, ce personnage féministe avant l’heure ! Qui tombera amoureuse de deux jumeaux, autres grands personnages, assassins et sorte de bandits des grands chemins et pourtant, ils emporteront notre adhésion quand on connaîtra leur véritable histoire.
« Tu me demandais pourquoi tes collègues ne me font pas peur. Voilà la réponse. Ce qui m’intéresse chez les gens, comme sur les bateaux, ce ne sont pas les apparences. Ce sont les doubles-fonds. »
─ Alex Cousseau, Courir le vaste monde
Et nous voilà embarqués, au milieu des flots furieux, des tempêtes, des îles et terres encore inconnues. Alex Cousseau ne lésine pas sur le vocabulaire marin ni sur les descriptions des différents bateaux ou sur les métiers exercés sur eux. Mais son récit est semé d’aventures et de surprises.
Littérature de jeunesse ? L’éditeur, Rouergue présente ce Courir le vaste monde (quel titre !) dans la collection « doado ». Les adultes y trouveront aussi leur compte. C’est un très beau livre d’aventures, féministe, intime et surprenant.



