[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]Q[/mks_dropcap]uoi de neuf dans l’indie-rock ? Pas l’Américain hein, celui-là se porte on ne peut mieux (pour preuve l’excellentissime Teens Of Denial de Car Seat Headrest) mais le Français ? Comment se porte-t-il ? A vrai dire, à bien y regarder, dans l’hexagone, le genre est assez moribond. J’aurais presque tendance à dire à l’agonie, attendant un bon coup de pelle pour en finir (ce que s’empressera de faire les excellents Jessica 93 à n’en pas douter). Néanmoins, ne le croyez pas mort, il bouge encore, a quelques soubresauts d’orgueil. Un de ces soubresauts se nomme Cvantez, trio parisien auteur d’un très bon troisième album.
[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]vantez, c’est tout d’abord Olivier Salaün, ancien guitariste de John Home dans les années 90, ainsi que Vincent Leservoisier. En 2008, le duo, accompagné de Sandra Escamez au chant, sort Yvettela Musipontaine. Le groupe, pas encore définitif, se cherche, tâtonne un peu mais révèle une personnalité attachante et intrigante entre Rock Indé bien foutu, Post-rock et bel hommage au Velvet (Mustang). Ce n’est qu’en 2011, avec Tigers, que le line-up définitif verra le jour avec la venue de Cyrielle Martin au chant et Xavier Maloumian aux percus (ajoutez à cela Vincent Leservoisier qui abandonnera définitivement la slide pour le poste d’ingé-son du groupe). Tigers fera montre quant à lui d’une personnalité bien plus affirmée. Si Yvettela tâtonnait un peu, Tigers, lui, distribue les pains en hissant le niveau d’un cran avec des compos plus tendues et un chant anglais seyant parfaitement au groupe.
[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]inq années plus tard, Cvantez remet le couvert avec Lozère. Première surprise, Cyrielle abandonne l’anglais pour chanter en Français. Deuxième surprise, le niveau parvient à monter encore de plusieurs crans. Notamment parce que Cvantez se cantonne à un genre (le rock indé à guitares), mais le maîtrise parfaitement. Que je m’explique : leur rock indé ne surprend pas dans la mesure où il se conforme aux exigences du genre. A savoir une dizaine de morceaux, quatre minutes en moyenne par morceaux, des guitares, des crescendos, des pauses, de l’intensité, de la tension, des mélodies, du Velvet, du Dominique A des grandes années, bref, tout est en place pour faire de Lozère un bon disque. Ajoutez à cela un savoir-faire acquis sur plusieurs albums et là, tous les ingrédients sont réunis pour obtenir une réussite. Et disons le tout de go : Lozère est plutôt une belle réussite.
Dès les premières secondes de Lozère, cet équilibre entre sitar et guitare étonne puis le morceau prend son envol dans un espace plus familier entre Françoiz Breut et Rock Américain, bénéficiant en sus d’une ligne mélodique très accrocheuse. La suite va confirmer la très bonne tenue du premier morceau, notamment L’oubli Des Collines, remarquable à partir de la troisième minute, tout en crescendo dont le seul reproche à lui faire serait une fin un peu abrupte tant l’auditeur aurait voulu que le morceau se perde encore et encore dans des méandres psychés et les violon(celle)s malsains du Venus In Furs (bref, trois ou quatre minutes de plus ne nous aurait pas déplu). Idem pour le très beau C’est L’été et son étonnant final Shoegazien éthéré, ou encore le poppy, léger, Funky et Krautrockien Bec De Pic-Vert Kiss. Le trio parvient à varier les ambiances, alternant tension sourde (Si Un Cœur Bat), sécheresse évoquant le Surfer Rosa des Pixies (Jour Blanc), à être aérien, léger et coller quelques baffes, parfois dans le même morceau, imprévisible comme le tigre présent partout dans l’artwork. Par moment, en tendant bien l’oreille, c’est le Faith des Cure (les guitares de Hauts Plateaux) ou encore le Dominique A de Remué ( L’Obscur où le groupe fait preuve d’une maîtrise des crescendos assez impressionnante) qui s’invitent en Lozère.
[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]V[/mks_dropcap]ous ajoutez en plus une tenue mélodique assez impressionnante (certains morceaux vous restent vissés dans le crâne dès la première écoute), le charme du chant de Cyrielle (évoquant faut-il le rappeler celui de la grande Françoiz Breut), une production subtile, feutrée et sèche, douce et dynamique et vous obtenez un trip en Lozère tout à fait satisfaisant, réussissant à tirer son épingle du jeu d’un rock indépendant, comme je le disais en introduction, plutôt moribond. Ce qui, avouons-le, n’est pas une mince affaire.
Sorti depuis le 05 Mai dernier chez DustRose et disponible chez tous les disquaires indés de France et d’ailleurs.