[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#5a668a »]D'[/mks_dropcap]Os et de Lumière (Solar Bones en version originale) de Mike Cormack est son premier roman traduit en français par Nicolas Richard. Le romancier et nouvelliste irlandais peut être enfin découvert en France avec un texte maitrisé de bout en bout. Il place le lecteur dans la tête du narrateur Marcus Conway et, dans un lent écoulement sans point d’arrêt, retrace la vie à l’apparence ordinaire d’un Irlandais en proie à une crise existentielle.
Marcus Conway est à la table de sa cuisine, dans sa maison des environs de Louisburgh au nord-ouest de l’Irlande. Il y vit avec sa femme Mairead, tandis que sa fille Agnes et son fils Darragh ont quitté le foyer familial pour débuter leurs vies d’adultes. Il est midi et Marcus va se remémorer sa vie simple en apparence mais qui fournira une histoire aussi prenante qu’un grand drame. Il parle de son travail d’ingénieur en génie civil empêché par des politiciens locaux. Il se livre sur ce sentiment étrange apparu lorsque ses enfants ont quitté la maison, Darragh partie en Australie et Agnes vivant une vie d’artiste peintre. Les pages consacrées au vernissage d’une exposition de sa fille sont frappantes, le narrateur racontant son malaise face au choix artistique de sa fille, peindre avec son sang.
Ce qui préoccupe le plus Marcus est la soudaine maladie de sa femme Mairead, contaminée par un virus transmis par l’eau de la ville. Scandale sanitaire comme notre époque en connait beaucoup, il va venir affaiblir une femme qui eut pourtant une santé de fer. Les considérations du narrateur peuvent paraître banales et pourtant Mike McCormack réussit à transformer le tout en une fresque romanesque sur une famille irlandaise. Ce long écoulement, que même les passages à la ligne ne viennent pas interrompre, provoque un intérêt sans cesse renouvelé du lecteur pour Marcus.
Il y a beaucoup de bienveillance chez cette famille de l’Irlande actuelle. Malgré l’ironie présente dans les échanges avec Agnes et surtout avec Darragh, elle ne connait pas de bouleversements significatifs, si ce n’est celui à peine raconté du narrateur. Mike McCormack sculpte cet épanchement narratif dans une langue savamment maîtrisée. D’Os et de Lumière possède la douceur de la simplicité et la grandeur des épopées narratives.