[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]vec Tout le Poids du Monde, David Joy confirme son statut de romancier à suivre. Adoubé par Donald Ray Pollock (rien que ça), il signe une nouvelle œuvre noire et désespérée. Le Poids du Monde, Joy semble le porter sur ses épaules et, par conséquent, le fait porter à ses personnages, tous, absolument tous.
Rescapé de la guerre en Afghanistan, Thad en est revenu bouleversé.
Réformé, son ami Aiden est resté chez lui.
Ces deux-là se retrouvent comme s’ils ne s’étaient jamais quittés et vivotent. Menus larcins qui leur permettent d’acheter drogues et alcool. L’horizon ? Rien, aucun espoir. Seule leur amitié permet de continuer, pas d’espérer.
David Joy nous donne à lire l’Amérique profonde et celle de la crise. Aiden et Thad s’arrangent pour voler du matériel dans des maisons abandonnées par les propriétaires incapables de payer leurs traites. Pour eux non plus, pas d’espoir.
Et puis, comme si le réel n’était pas suffisamment difficile, il y a aussi les rêves. La guerre et une fillette bourrée d’explosifs pour Thad. Pour Aiden, son père qui assassine sa mère et se suicide devant lui.
Il y a de quoi désespérer.
… avait fait une croix sur Dieu. Car s’Il existait, Il ne valait pas un clou. Le diable l’emportait à chaque fois.
Toute cette souffrance occupe une bonne partie du roman. Joy nous décrit ses personnages, sans les juger, les laissant vivre et avancer vers le gouffre. En cela, il se rapproche de Donald Ray Pollock et de son Le Diable, Tout le Temps.
Si Thad n’a aucun espoir et se bourre de drogues pour ne pas dormir, Aiden, de son côté, a encore en lui une minuscule ambition. Il est amoureux de la mère de son ami, April et celle-ci lui rend une partie de son affection. Relation plus ou moins cachée et pleine de non-dits.
David Joy pourrait en rester là et continuer de nous conter la vie, faite de bric et de broc, de ces pauvres hères. L’histoire serait déjà suffisamment triste. Mais cela ne lui suffit pas. Un événement va tout faire basculer : la mort du dealer de Thad et Aiden. April y voit une occasion de se sortir de la misère. Ils vont donc la saisir.
Qu’un homme soit né d’un côté ou de l’autre, il finissait toujours par faire des choses qui le hantaient pour le restant de sa vie.
À partir de là, le roman s’emballe complétement et emporte le lecteur avec lui dans des abîmes de violence, marque de fabrique de David Joy depuis ses débuts.
Beaucoup aimé aussi!