LI-VER-POOL. LI-VER-POOL. LI-VER-POOL. LI-VER-POOL. LI-VER-POOL. LI-VER-POOL.
Dans le froid. Dans la neige. Dans le vent. Dans le froid, la neige et le vent.
Bill Shankly- Brian Clough.
David Peace a dit vouloir écrire, pour une fois, sur un type bien.
David Peace délaisse le Yorkshire, ses meurtres et ses magouilles. David Peace délaisse les meurtres. David Peace délaisse Tokyo, l’après-guerre, les horreurs.
David Peace revient à l’Angleterre du football. Exit Brian Clough, Leeds, Derby County. Exit Damned United. En route pour Anfield. En route pour Li-ver-pool. You’ll never walk alone.
Brian Clough avait une vision. Shankly également.
if you’re first, you’re first. If you’re second, you’re nothing.
Clough. Shankly. La même veine. Le même désir. La même exigence. Gagner. Toujours gagner. Travailler pour. Travailler dur. Souffrir. Gagner. Perdre. Gagner de nouveau. Perdre encore. Ce soir Liverpool est quatrième. Liverpool n’est rien. Ce soir Liverpool est troisième. Pas premier, pas deuxième. Troisième. Liverpool n’est rien. Recommencer. Rejouer. Gagner ou perdre.
Dire que ce livre plaira à ceux qui n’aiment pas le football serait quelque peu exagéré. La succession des saisons, des matchs de championnat, de coupe, d’Europe finit tout de même par lasser. Le style Peace persiste toutefois, parfois jusqu’à la nausée. Phrases courtes, répétitions, comme un mantra. Répétitions. Répétitions. Pas d’anaphore. Pas d’anaphore surtout. Répéter et répéter encore. Successions de noms, égrainés encore, encore et encore. Anfield, à domicile, à la maison. You’ll never walk alone.
Pourtant Peace semble apaisé. Des répétitions oui. Moins. Moins souvent. Est-ce le personnage Shankly qui ne se prête pas autant à ce style? Possible.
La narration, pas éclatée comme dans Damned United, nous emmène suivre l’histoire du Liverpool Football Club. De la seconde division, du purgatoire, à la première division. En passant par la coupe d’Angleterre, la coupe d’Europe. Les succès, les défaites, les stades qui se visitent encore et encore. Les entraînements, les joueurs qu’on achète, ceux qu’on vend, ceux qu’on veut acheter mais qu’on ne peut, les conflits avec la direction. Une chronologie. D’années en années.
La deuxième partie du roman semble la plus intéressante. Peace se concentre plus sur l’homme, ses sentiments, ressentiments et ce qu’il vit. Ses soucis d’après carrière lui donnent une épaisseur insoupçonnée. Shankly se révèle finalement bien plus humain. Socialiste dirait-il via les mots de Peace. On suit avec empathie ses relations avec sa femme, les supporters, les présidents de clubs et les journalistes.
Les triomphes de Liverpool sans son guide, sans Shankly ne font pas de mal à l’homme qu’il est. Ces triomphes, ces coupes d’Europe remportées sans lui lui donnent du plaisir. Et les supporters qu’il croise le remercient toujours de ce qu’il a fait pour Liverpool, pour le club et il en est heureux. La direction l’a oublié. Pas les supporters, pas le peuple et c’est tout ce qui compte pour lui. Liverpool peut vivre sans Shankly en conservant son héritage mais Shankly ne peut vivre sans Liverpool.
Dans cette dernière partie, la longue rencontre avec le premier ministre et leur conversation sonne comme un résumé de tout ce que se veut Shankly. Un homme au travail, un homme qui sacrifie tout pour son travail, un homme qui ne veut que réussir. Shankly, pour son club et ses supporters. Le premier ministre Wilson, pour le pays et ses habitants. Le socialisme. Tous deux sont prêts à prendre tous les coups pour la réussite de leur projet. Un projet humain, un projet à plusieurs. Et les deux hommes de comparer leur façon de fonctionner en équipe. Moment passionnant du livre. Moment clé aussi. A rapprocher d’un autre moment, passé en quelques mots sous l’oeil de Shankly : l’accession au pouvoir des conservateurs. La fin des travaillistes et le début d’une nouvelle ère. Le balayage comme un tacle rageur des valeurs humaines défendues par Shankly.
On glisse doucement vers la fin. Les portes se referment sur Bill Shankly et son dernier combat.
« Certaines personnes pensent que le football est une question de vie ou de mort. Je trouve ça choquant. Je peux vous assurer que c’est bien plus important que ça » Bill Shankly 1913-1981
merci. merci. je ne le lirai. je ne le lirai pas.pas. as. s.