[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]D[/mks_dropcap]iplômé en arts plastiques à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts, Pierre Terrasson photographie toute la scène rock nationale mais aussi internationale qui sévit dans les années 80 : The Cure, Nina Hagen, Lou Reed, Téléphone, Indochine, Vanessa Paradis, autant d’artistes dont il contribuera à forger l’image, notamment au travers des clichés qui ornent les pages des magazines spécialisés comme Best ou Rock&Folk, mais également des nombreuses pochettes de disques (Buzy, Véronique Samson…) et clips (Patrick Coutin, Les Infidèles…).
Terrasson poursuit son travail jusque dans les années 2010, photographiant la fine fleur des scènes Rap, Raï et Pop/Rock et publiant plusieurs ouvrages de référence au nombre desquels « Backstage », « Le Top Des Années 80 », « Post Punk » ou encore « Vanessa Paradis ». C’est aussi grâce à de multiples expositions en France et à l’étranger que sa réputation se forge.
[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]P[/mks_dropcap]our célébrer les 25 ans de la disparition de Serge Gainsbourg, Valeria Attinelli, plasticienne et commissaire d’expositions, lui propose, ainsi qu’à Odile Montserrat, de montrer au grand public des tirages, pour certains inédits, les deux facettes de l’artiste. Le travail de Montserrat montre un Gainsbourg intime, aux côtés de Jane Birkin, Kate Berry ou encore France Gall. Terrasson, lui, côtoiera le maître sur la dernière partie de sa vie, mettant en lumière un Gainsbarre plus provocateur et fantasque par le biais de séances photos beaucoup plus mises en scène. Rencontre avec celui qui immortalisa l’époque du « Under Arrest » :
Vents d’Orage : Qui a été à l’initiative de cette exposition à la Mairie du IXème ? Quelle drôle d’idée !
Pierre Terrasson : Jean-François Feneux, un Agent en Communication fan de Serge, dans l’idée de commémorer les 25 ans de sa disparition qui a habité avec ses parents pendant de longues années rue Chaptal. Il a évoqué le projet avec Odile Montserrat qui avait photographié Gainsbourg pendant les années 70 et n’est autre que la maman de Valeria Attinelli, Commissaire de l’exposition. Une plaque a par ailleurs été inaugurée en présence de Charlotte Gainsbourg et Jane Birkin.
VdO : Mais le lieu n’est-il pas un peu « institutionnel » pour un personnage aussi rock’n’roll et rebelle ?
PT : Non, je pense que ça lui aurait beaucoup plus au final. Effectivement il aurait sans doute été amusé d’apporter un peu de subversion au sein d’un symbole de la République, qu’il respectait beaucoup par ailleurs, contrairement aux idées reçues.
VdO : Tu nous parles de cette collaboration avec Odile Montserrat ?
PT : Je ne la connaissais pas, travaillant moi-même dans la presse rock comme Best ou Rock&Folk. Odile a connu Serge plus tôt que moi et dans un cadre journalistique plus grand public. C’est sa fille qui nous à réunis il y a deux mois. Nous avons travaillé séparément puis rapproché nos clichés. Une belle rencontre où Odile montre Gainsbourg, l’intimité de sa famille et moi le Gainsbarre des dernières années, dans des travaux de commande pour de la promotion, des albums, des reportages…
VdO : Le public souligne le côté plus féminin des clichés d’Odile et plus masculin des tiens…
PT : Naturellement mais au-delà de nos personnalités respectives, de nos sensibilités, nous avons travaillé le sujet à des époques et dans des environnements professionnels différents. Les années 70 s’attachaient à montrer un certain quotidien, le volet familial, dans une certaine spontanéité, qui n’intéressaient guère les maisons de disques. Dans les années 80, l’approche se révélait très différente. Le photographe était sollicité dans un cadre plus défini, contribuant à la construction de l’image des artistes, grâce à des photos plus posées.
VdO : Et ta rencontre avec Serge ?
PT : Je l’avais juste photographié pour un reportage en 1979. Mais c’est en 84 que je l’ai vu pour la 1ère fois pour un article pour Best. Son agent me sollicitait régulièrement pour des séances. Je ne sais pas si Serge aimait mon travail mais il s’intéressait à ce que nous faisions de son image, pendant les séances au niveau de la mise en scène, de la lumière…
VdO : Que nous disent ces photos de la trace que Serge laisse un quart de siècle après sa disparition ?
PT : Je me garderai de verser dans un discours un peu galvaudé. Son influence se fait en encore sentir, chacun le sait. J’aurais aimé mieux connaître des personnes de son entourage, Jane notamment que j’avais croisée à Fukushima. Mais je suis un peu gêné et désolé que certains que je sais n’avoir jamais approché Gainsbourg, publient des ouvrages à son sujet. Les vautours rodent toujours et encore…
VdO : L’exposition présente-t-elle des clichés totalement inédits ?
PT : Inédits ? Peut-être pas tout à fait. Certains sont connus, par exemple celles avec le Nikon. D’autres en revanches ont rarement été montrées. Il y a une série dans l’intérieur de sa maison rue de Verneuil que je n’avais jamais exposée. Quoi qu’il en soit les fans, les amateurs comme les collectionneurs devraient y trouver leur compte.
De Gainsbourg à Gainsbarre
Exposition à la Mairie du IXème arrondissement
6 rue Drout, 75019 PARIS
Commissaire : Valeria Attinelli
Photographes : Pierre Terrasson, Odile Montserrat
Du 1er mars au 10 avril 2016