Ces derniers temps, ça ne rigolait pas fort pour Bradford Cox. On ne va pas revenir sur le syndrome de Marfan, maladie héréditaire dont il est atteint, mais comme si ça ne suffisait pas, il fut happé par une voiture courant de l’année dernière, ce qui lui occasionna des blessures corporelles importantes, mais aussi d’énormes séquelles psychologiques qui le plongèrent dans une terrible dépression.
Dans ce contexte, on pouvait craindre que le nouvel album de Deerhunter, Fading Frontier, soit d’une noirceur insondable. Musicalement, il n’en est rien. On pourrait même dire qu’il s’agit d’un disque apaisé, dominé par des claviers et guitares aériens.
Disque serein, très pop, et parfois très catchy, si l’on s’en réfère au premier single, Snakeskin, ainsi qu’au titre d’ouverture, All The Same. Quelques sonorités eighties par ici via Living My Life, un deuxième single, Breaker, très radio friendly, un autre titre que n’aurait peut-être pas renié Radiohead époque Kid A avec Leather And Wood, et une envolée synthétique-psychédélique sur Ad-Astra. Carrion, qui ferme ce trop court album – à peine plus de 36 minutes au compteur-, est d’une facture plus classique, un peu comme si Grizzly Bear avait rencontré le Velvet Underground qui se serait débarrassé de John Cale (il paraît que ça s’est réellement passé).
Si l’on excepte la durée ridiculement courte de l’album, on ne peut que se réjouir de voir que Deerhunter fait toujours partie des groupes qui comptent, sans véritable fausse note dans une discographie qui commence à s’allonger sensiblement. Fading Frontier sera sans doute plébiscité dans les référendums de fin d’année, et ce sera mérité.
Deerhunter, Fading Frontier, depuis le 16 octobre chez 4AD.