[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]e scénario du réel débute le 26 janvier 1947 à Saint-Brieuc. C’est en effet dans ce chef-lieu breton que nait l’un des plus troublants et charismatiques acteurs français. Après sa tragique disparition en plein été 1982, Patrick Dewaere laisse derrière lui un mythe. Soixante-dix ans après son premier cri, quatre résidents de sa ville natale décident de lui emprunter son patronyme de scène, histoire de semer une nouvelle rage sur le pavé briochin (et bien au-delà)…
Si j’osais une mise en parallèle un chouïa excessive, la cité côtière pourrait être à la France ce que Seattle est aux States. En tous les cas, ce nouveau groupe ne fait pas dans la dentelle. Maxwell Farrington au chant jongle entre une furie irrépressible et quelques poses maniérées des plus saisissantes. A ses côtés, c’est l’ex duo Rafale devenu Menthol qui assure la partie des cordes mutantes : Julien Henry à la guitare et Marc Aumont à la basse prouvent ici leur capacité à se fondre tels des caméléons dans une masse ultra lourde. Le dernier lascar, Hugues Le Corre, est chargé de cogner comme un damné sur les fûts.
Dewaere décrit son premier album de la sorte « si vous deviez vivre vos dernières heures en slip au milieu des décombres, flânant au bord d’une piscine miraculeusement intacte, Slot Logic serait la BO parfaite de votre court-métrage péri-mortem » Bref, vous devinez l’ambiance ?
Dès les premières incisions de Get Down, des déferlantes sauvages nous éclaboussent, l’élan est chargé d’une ardeur noise totalement inspirée. C’est corpulent, crade à souhait, gonflé de larsens outre un parquet de rondeurs qui atomisent l’espace sans laisser le moindre interstice. C’est une urgence stridente qui vous brise les cervicales et qui régalent l’auditeur abasourdi par autant de toupet dans ce décochage d’uppercuts fatals. A ce titre, l’enchaînement de Budapest et Happy Hour est la somme d’une ivresse perpétuelle qui nous fait boire la tasse sans que l’on ne puisse appeler à l’aide. Le pire dans tout ça ? Nos tympans réclament l’estocade !
La plupart des plages du disque sont balancées à toute berzingue dans un évident clin d’œil 90’s, une sorte de café ingurgité cul sec en plein cagnard. C’est serré, parfois tendu, souvent se permettant des ambivalences entre inquiétudes amères et explosions bigrement grinçantes (St-Tropez In Summer). Dewaere ose même la reprise du standard Everybody’s Got to Learn Sometime, le succès pop mielleux de The Korgis qui se retrouve ici dépoussiéré par un mitraillage follement criard.
Exception de taille au tableau avec October et ses 6 minutes 40 de noirceur bestiale dont l’exécution à la scie circulaire tranche avec la fugacité punk des autres pistes. Ici, les développements tentaculaires résonnent comme le pendant bruitiste de drones inquiétants. Imaginez les effusions de Sunn O))) et Scott Walker sculptées par des tailleurs de granit !
Sans transition et pour achever l’instant de bravoure, Wot U Lyk vient par surprise, faire gicler son énergie concise dans le bas ventre. Je suis quasiment certain que notre acteur fétiche n’aurait pas renié ce coup de tête dans les valseuses !
Slot Logic de Dewaere
Disponible depuis le 14 décembre 2018 chez Bigoût Records / Phantom Records
Bandcamp – Facebook – Bigoût Records – Phantom Records
Bravo à Ivlo Cold pour ce titre !
Ah ah merci. Au delà de cette facétie c’est un album que j’ai eu grand plaisir et écouter volume très fort. Chaudement recommandable pour les adeptes du genre 😉