[dropcap]U[/dropcap]ne histoire en cercles concentriques. Des grosses promos sur les crêpes au sucre. Des dizaines d’images éclatées sur une même page, réalisées donc sans gaufrier, mais qui font sens dans une belle logique cinématographique. Les bons ingrédients ne manquent pas dans cette bande-dessinée qui, sans conteste, va vous faire vibrer. En effet, L’échelle de Richter (Gallimard) nous livre des pans de vie en morceaux pour mieux tenter ensuite de les rassembler. L’exercice de style est audacieux et fascinant tout en se révélant d’une grande fluidité.
L’ouvrage court sur 496 pages noir et blanc. Il est préfacé par le réalisateur, scénariste et producteur de cinéma Cédric Klapisch, qui connaît Luc Desportes, l’un des deux co-auteurs du roman graphique (avec Raphaël Frydman, au scénario). En effet, Desportes a travaillé comme story boarder sur presque tous les films du cinéaste. Autant dire qu’il a le sens du découpage et du rythme.
Cela se ressent profondément à la lecture de L’échelle de Richter, dont l’histoire au goût de polar noir, ancrée dans notre monde contemporain, dresse les portraits entrecroisés de sept personnages. Fragiles, faibles, secrets… Toutes celles et ceux à qui la BD donne vie, dévoilent progressivement leurs failles. Révélées au grand jour dans une ambiance très réaliste, elles auront des répercussions les unes avec les autres et alimentent la métaphore du séisme.
L’onde de choc débute avec Hassan, qui travaille dans les cuisines d’un hôtel. Un drame s’est joué dans l’une des chambres de l’établissement : une jeune femme y a été retrouvée morte. Hassan a bien aperçu un homme sortir par les portes arrière de l’établissement. Mais il a ses raisons pour se faire discret et ne pas raconter le peu qu’il a vu.
Tout s’enchaîne alors de manière implacable et mécanique, nous offrant de côtoyer des personnes plus ou moins éloignées de la victime. Petites frappes, sans-papiers, flics à la dérive… Chacun aura sa part expiatoire! Dany, par exemple, ne comprend pas son fils, tandis que Noémie s’imaginait davantage comédienne que figurante dans une scène de reconstitution de crime. Quant à Ruben, il n’a toujours pas digéré sa mise à l’écart d’un groupe de rap qui aurait pu lui assurer un bel avenir financier autant qu’une reconnaissance critique salutaire.
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Ces laissés-pour-compte de la société nous intéressent finalement presque plus que la résolution de l’énigme policière, dont on comprend qu’elle est un prétexte utile au dévoilement de leur part d’ombre. C’est ce qui nous conduit ainsi à nous attacher à l’histoire du dealer plus qu’au trafic de drogue, ou bien encore aux malheureux parents de la jeune femme décédée qu’à l’insolite qui entoure sa disparition…
Ne manquez pas la lecture de L’échelle de Richter, qui vaut autant pour son scénario subtilement amené de chapitre en chapitre, que par sa composition graphique originale et parfaitement maîtrisée.
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L’échelle de Richter de Luc Desportes et Raphaël Frydman
Gallimard, Septembre 2021
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Image bandeau : Extrait de l’album