[dropcap]T[/dropcap]rente-trois ans sont passés depuis que le mur qui coupait l’Europe en deux est tombé. Et pourtant, vue de l’Ouest, la partie orientale du continent demeure méconnue, au mieux quelques clichés gris et un certain nombre d’idées reçues, inchangées depuis trente ans, continuent à peupler l’imaginaire occidental.
Absentes de cet imaginaire, les millions de vies avec tout ce que la vie comporte d’universel, même au sein de régimes totalitaires; les enfances, les adolescences, les amours, les mariages, les naissances, les tristesses et les chagrins d’amour, bref, tout ce qui bâtit l’existence humaine.
Assignés, semble-t-il, à une image d’Epinal du type “Good bye, Lénine”, les pays de l’Europe de l’Est demeurent aujourd’hui encore passablement méconnus, voire inconnus à l’Ouest.
Huit femmes, huit autrices, décident à la fin de l’année 2019 d’évoquer dans un livre leurs vies à l’Est. Elles viennent de l’ancienne Tchécoslovaquie, de Bulgarie, de Roumanie, de l’ancienne URSS, de l’Estonie, de l’ancienne Yougoslavie, de Pologne.
Elles sont toutes arrivées à l’Ouest après 1989, elles ont toutes grandi, parfois connu l’âge adulte de l’autre côté du mur.
A travers leurs textes, la lumière de la vie : celle qui va au-delà du manque, du froid ou de la faim, de la peur ou de l’enfermement. Les espoirs, les joies, les attentes, les rêves de petites filles, d’adolescentes, de femmes. Le devenir de ces attentes. Les déceptions aussi. Les départs, le déracinement, le courage.
Huit textes magnifiques, différents et pourtant parents, portés par des voix claires et fortes, Filles de l’Est, femmes à l’Ouest.
Et puis vint la guerre. Et le livre, dont la publication avait pris du retard pendant la pandémie, s’est enrichi de huit nouveaux textes. Car l’occupation de l’Ukraine par l’armée russe en février dernier a réactivé des peurs, des angoisses, des colères enfouies. Les filles de l’Est ont rattrapé les femmes à l’Ouest :
“Nous sommes les additions des traumatismes que nous avons occultés, ainsi que de ceux que les générations précédentes, dans le silence souvent, nous ont transmis” Sonia Ristić
“A Paris, je me débats avec moi. Heureusement, il y a les “filles de l’Est”. Nous nous retrouvons chez Elizabeth, notre directrice éditoriale, la sourcière qui nous relie. Nous buvons du Prosecco et discutons du livre, mais c’est la guerre qui parle. Alors on se raconte, toutes, la Polonaise, la Croate, la Roumaine, la Française, la Slovaque, la Bulgare…” Albena Dimitrova
Je ne peux que deviner les morceaux de soi que les autrices ont déposés dans ce recueil publié aux éditions Intervalles. Et par conséquent je ne peux que vous encourager à le lire et à l’offrir, comme une fenêtre nécessaire sur notre monde.
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Filles de l’Est, femmes à l’Ouest sous la direction d’Elisabeth Lesne
Éditions intervalles, Novembre 2022
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