Ce film slovène au caractère impétueux a eu de nombreux prix, notamment à la Semaine de la Critique à Venise et au Festival Premiers Plans à Angers. C’est le premier film de ce réalisateur slovaque, parti d’une histoire vécue pour construire son propre scénario.
On est plongé dans un lycée slovène où deux événements vont bouleverser le quotidien d’une classe.
Un nouveau professeur d’allemand arrive pour remplacer une collègue. Son visage est fermé, ses méthodes sont dures voire archaïques. La confrontation est inévitable avec ses jeunes, qui, eux sont en pleine révolution adolescente. Tous les sentiments y sont mêlés : l’amour, l’amitié, la rébellion contre le système, les adultes, les incompréhensions, la fougue… Ces lycéens sont à fleur de peau.
Le réalisateur nous amène à revivre ces années. Tout nous apparaît évident tant le vécu y est criant. D’une telle simplicité et d’une réelle dureté parfois, rien n’est facile dans ce film. Nous sommes perpétuellement plongés dans la réflexion. Qu’aurions-nous fait à la place de ce jeune, de ce professeur, de ce parent ?
Un autre événement va chambouler complètement leur univers et finir par les déstabiliser. Ils n’étaient pas préparer à affronter cela. En état de choc, ils sont prompts à la violence. Ils ne savent plus gérer leurs émotions entre tristesse et colère : tout n’est que confusion. Se pose aussi la question du groupe contre un seul individu, question plus large qui nous amène à nous poser la question de notre esprit critique. Comment se comporter en groupe ? L’enseignement est également au cœur du film. Entre laxisme et autoritarisme, quelle attitude à adopter dans une classe pour pouvoir enseigner ?
La tension est palpable à chaque instant, les dialoguent fusent souvent comme des coups de poignard. On accuse le professeur de pédophilie, d’être un nazi sans avoir connaissance de faits sans savoir réellement le sens de ces mots jetés « à la gueule de ce professeur ». On y voit là tous les dangers que peut entraîner la parole d’un seul. Entre ce professeur faisant preuve d’autoritarisme excessif à la maîtrise de la langue déstabilisante et ces jeunes qui provoquent et tourmentent, le jeu est pernicieux. Les corps sont également en opposition : un professeur droit et statique maîtrisant chacun de ses gestes et des jeunes plein de fougue dévoilant tous leurs sentiments.
Ce premier film est une réussite. La mise en scène de Rob Bicek déploie une très belle énergie mise en lumière par d’excellents acteurs, notamment Igor Samobor dans le rôle du professeur. Rok Biček nous trimbale dans son histoire, aucun répit ne nous est accordé, la réflexion est en perpétuel mouvement. Ne prenant jamais parti, il décide de nous laisser maître de nos pensées, observateurs nous sommes et il nous offre tout le loisir de méditer. L’histoire de la Slovénie ne fait pas partie des manuels d’histoire en France, mais ce film donnera à tous l’envie de la découvrir.
Rok Biček décrit son film « comme un slalom émotionnel » et c’est bien ce que j’ai ressenti. De nombreux films ont mis en scène des adolescents mais rarement de manière aussi maîtrisée et subtile.