[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]À[/mks_dropcap] l’origine du genre Gore, le Grand Guignol. Dans ce théâtre français du début du vingtième siècle, le spectacle le plus choquant de tous faisait sensation grâce à un effet de mise en scène très particulier… là-bas, on coupait des têtes et le sang giclait, on poignardait le ventre du comédien et les boyaux sanguinolents glissaient sur scène. La foule se pressait pour voir l’inimaginable. Fascinés et dégoûtés à la fois, les spectateurs avaient les yeux rivés sur l’horrible réalité à l’intérieur de nous jaillissant à l’extérieur !
Au cinéma, celui qui eut le goût de fabriquer le premier splatter film (le film qui éclabousse), avec une volonté farouche de montrer ce qui ne s’était jamais jusqu’alors réalisé, s’appelle Herschell Gordon Lewis.
L’homme s’était illustré dans la fabrication de Nudies (films érotiques), et cherchait un moyen de contourner la censure très attentive à tout ce qui se fabriquait en matière de cinéma et de télévision du tout début des années soixante.Le moindre bout de sein révélé entraînait le coup de marteau d’interdiction immédiate, ou de classification X et donc la fin du produit commercialement diffusable.
Héhéhé, ce bon vieux Herschell, sans le vouloir, contourna les règles rigoristes et réussit à imposer en loucedé le premier film où l’on découpait des bouts de gens dans des jets de sang en faisant même mine de les manger.
En 1963, Blood Feast était né ! Et l’année suivante, face à la possibilité de continuer, sortait 2000 Maniacs!, autre petite production ultra déjantée dans laquelle un village du sud des États-Unis se gausse à étriper (littéralement) six personnes pendant leur fête populaire… Pour les âmes sensibles, nous n’entrerons pas dans le détail de ce qui se trame à l’ombre des drapeaux sudistes.
Ces deux films en pierre angulaire, la carrière de Herschell au sein du cinéma sanglant, violent, brutal, viscéral, était lancée, et sa filmographie est impressionnante (six films rien que pour l’année 1967……!) mais rarement reconnue par sa qualité.
Mais après réflexion, même ses détracteurs peuvent se poser la question de savoir , s’il n’avait pas été là, quel visage auraient eu certains films qui ont suivi :
aurait-on vu, cinq ans plus tard, une petite fille zombie transpercer le torse d’une femme à coups de truelle dans La Nuit des Morts-Vivants (Night of the Living Dead ,1968) de George A. Romero ?
Ou encore cette créature vorace qui explose l’intérieur de l’estomac de Harry Dean Stanton dans une grosse giclée de sang dans Alien (1979) de Ridley Scott ?
Aurions-nous connu les carrières de réalisateurs comme Tobe Hooper, Wes Craven, Peter Jackson ou Sam Raimi ?
Évidemment, quelqu’un d’autre aurait fini par exploiter ce marché de niche… mais lui (par-dessus le marché, consultant marketing de profession) l’a définitivement initiée.
Et c’est pourquoi on l’appelle « The Godfather of Gore ».
15/06/1929 – 26/09/2016