Qu’est-il arrivé à FACS ? Je ne parle pas de la Fédération des Amis des Chemins de Fer Secondaires mais bien du groupe originaire de Chicago alliant l’énergie et les inspirations désintégrées d’un esprit diablement post-punk combiné aux affres tapageurs en écho à notre monde cruel.
Pour ma part, j’avais craqué pour leur troisième sortie, l’incisif et nerveux Void Moments (2020) et sans doute davantage encore avec les déflagrations de leur cinquième et excellent album Still Life In Decay (2023) aussi enthousiasmant dans sa structure que fidèle au dogme noise expérimental, marque de fabrique singulière de la formation.
Taillé d’une même veine (du moins en apparence), Wish Defense voit le retour dans l’effectif de Jonathan Van Herik (cette fois-ci à la basse) pour un rappel à des sonorités plus brutes et surtout plus recentrées… à l’essentiel.
Dès Talking Haunted, la nouvelle livraison s’empare des crissements, la matière plongée dans l’ether, un phrasé mis en exergue pour une dureté sans concession. C’est d’ailleurs l’impression d’une mouture darkwave au ralentis qui interpelle la première écoute. Certes, ce n’est pas un chamboulement colossal mais il y a ici une trame qui rogne l’os. Les grincements électriques demeurent légions dans ce cafard du capharnaüm. Frottement des cordes, proximité à la rupture, sorte de Gang Of Four sous valium, les fioritures « bruitistes » se sont évanouies pour mieux laissées la place à des effusions mécaniques pour le moins obsédantes.
« I’m not here / Are you real ? »
Outre sa manie des cadences sombres et syncopées, FACS décoche les cases de tricotages et décollages rugueux avant qu’un gimmick passé à la broyeuse ne viennent boucler l’affaire (Desire Path).
C’est à mon sens la fin du volume qui résonne de manière plus savoureuse. Preuve en est avec la fièvre qui s’échappe de Sometimes Only où les teintes noires enveloppent de leurs hypnotiques effets la finalité des insertions.
Wish Defense fût le dernier album réalisé par le regretté Steve Albini. C’est finalement l’ami Sanford Parker qui parachèvera le job mais, forcément, il semble impossible de ne pas songer au caractère posthume de cette nouvelle pièce qui méritera sans nul doute diverses écoutes pour en détecter la force d’accroche. En effet, Wish Defense détonne au titre d’une excursion radicale des plus profondes… Là où les stimulations envoûtantes et autres dérivatifs poisseux tapissent le décor de textures crues.
L’appréhension des titres nouveaux intrigue tout en révélant, à travers quelques interstices, une forme de réalité finalement audacieuse. Un disque, j’en conviens, pas facile d’accès mais lorsque nous y entrons sans crainte, il est bigrement difficile ne ne pas y revenir.
Crédit photo: Evan Jenkins

FACS · Wish Defense
Trouble In Mind Records / Modulor – 7 Février 2025