« Josephine,
I send you all my love »
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#D87063″]O[/mks_dropcap]ui, je sais : entamer une chronique en citant Chris Rea dans le texte, je ne suis pas sûr que ce soit la formule la plus adaptée pour capter la beauté d’une œuvre musicale, surtout celle de Josephine Foster. Allez, en bon prince que je suis, je vous ferai grâce des présentations, déjà été faites pour l’album précédent. Néanmoins, pour en revenir à la phrase d’accueil, le fond est on ne peut plus vrai : difficile de ne pas continuer à être amoureux de Josephine Foster à l’écoute de Faithful Fairy Harmony. Car ce qu’il y a de constant chez Foster, c’est la cohérence et la qualité de son œuvre : à chaque nouvel album elle creuse un peu plus le même sillon, celui de l’étrangeté, de l’anachronisme et de l’intemporalité, quitte à être hors-sujet quant à notre époque.
C’était parfaitement le cas avec le sublime I’m A Dreamer, sorti en 2013 et ça l’est de nouveau avec Faithful Fairy Harmony dans lequel elle parfait son univers, le synthétise (ou l’étire, c’est selon) sur plus de 75 minutes, combinant l’étrangeté de This Coming Gladness sans sa noirceur intrinsèque à la beauté de I’m A Dreamer. Et le résultat est pour tout dire saisissant : Foster enchaîne les merveilles (on relèvera entre autres le superbe dénuement d’Eternity, Force Divine, le mélancolique The Peak Of Paradise, Little Lamb), varie les ambiances en alternant les moments expérimentaux comme Pearl In Oyster, avec l’americana (Force Divine, Indian Burn), en passant par le folk apaisé (Pining Away, comme si le Neil Young champêtre d’Harvest Moon s’invitait à table) ou doucement barré (Challenger) et ce avec une aisance déconcertante.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#D87063″]C[/mks_dropcap]omme à chaque fois, Foster parvient à créer une nouvelle faille temporelle nous projetant au siècle dernier, à l’entre-deux guerres. Comme à chaque fois le charme « suranné » de ses chansons réussit à nous prendre dans ses filets, sa voix nous envoûter.
Mais ce qui semble démarquer Faithful de ses autres disques, outre sa longueur, c’est la bienveillance qui en émane, que ce soit quand elle expérimente ou qu’elle aille sur des terrains connus, balisés par ses propres soins, Faithful irradie d’une lumière intérieure finissant presque par nous éblouir. Il découle de ce disque une spiritualité qu’on percevait sur I’m A Dreamer mais qui, ici, prend une ampleur inédite, contaminant chaque chanson et parvenant à unifier le tout.
L’auditeur en ressort apaisé avec un arrière-fond d’émerveillement permanent, transporté dans un monde singulier et enchanteur, comme si Lynch s’éclipsait sur la pointe des pieds pour laisser place à Browning et son cirque Freaks. Ça pourrait être effrayant (comme ça l’était sur This Coming Gladness) mais comme chez Browning il y a une telle empathie pour son sujet que lorsque la dernière note se termine, il nous faut quelques bonnes minutes avant de réintégrer le monde moderne. Et rien que pour ce temps suspendu, on ne remerciera jamais assez Josephine Foster de nous avoir offert ce superbe Faithful Fairy Harmony.
Josephine Foster – Faithful Fairy Harmony
Sorti le 16 novembre chez Fire Records ainsi que chez tous les disquaires adeptes de l’anachronisme musical de France et de Navarre.
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