[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#f2a23a »]C[/mks_dropcap]e petit bouquin d’une centaine de pages, avec une couverture douce et orange, vous décrit l’œuvre monumentale d’un documentariste talentueux. Son nom vous dit peut-être quelque chose, car ces derniers jours, il vous ouvre les portes de l’imposante bibliothèque publique de New York : The New York Public Library.
Frederick Wiseman est ce documentariste discret qui accomplit un travail titanesque, physique, précis et sobre.
J’ai déjà entendu son nom plusieurs fois et vu un de ces films National Gallery, mais je ne connaissais pas réellement ni son parcours ni sa démarche et suis surement passée à côté d’une partie du film pour ces raisons.
Ce livre composé d’un essai de Laura Fredducci, puis d’un entretien, apporte des réponses précises sur son approche du documentaire et son travail. Frederick Wiseman, lors de cet entretien, se livre à Quentin Mével et Séverine Rocaboy. Vous pouvez vous laissez guider par ses mots et il vous emmènera découvrir différents lieux et univers.
Nous pouvons tout aussi bien avoir envie de comprendre comment il a l’idée d’un film, d’un lieu et comment il filme et monte. Ce livre vous dévoile son parcours et le cheminement de sa pensée.
Au cours de cet entretien, nous comprenons son besoin d’observer et d’écouter notamment les grandes institutions publiques. Il nous encourage, nous aussi, à ouvrir grands nos yeux et nos oreilles, à nous nourrir de ce que nous voyons. Il nous apprend à flâner avec lui et sa caméra. Jamais il ne prend la parole et nous laisse libre de suivre notre chemin de pensées.
Il nous racontera ce qu’il fait du son qu’il enregistre dans tous les lieux qu’il visite, où il pose sa caméra, comment il arrive à obtenir les autorisations de tourner, sa manière de monter son documentaire. Nous devenons tous un sujet d’exploration à ses yeux.
Il nous égare dans des communautés variées souvent inconnues et tente de nous aider à comprendre mieux les personnes qui y vivent et qui y travaillent. C’est un homme généreux.
J’essaie d’aborder le tournage la tête claire mais vide, vide tout au moins de tout bagage idéologique pouvant servir à expliquer ce que je suis sur le point d’observer.
À la lecture de ces mots, mon regard a changé. J’ai l’intuition qu’il nous convie à être plus ouverts aux environnements, ainsi qu’aux hommes et aux femmes que nous côtoyons sans parfois y faire attention.
Merci à Playlist Society : pari réussi ! Après avoir fini le livre, j’ai commencé à regarder les bandes-annonces des films de Frederick Wiseman. Passer de la frénésie présente dans Crazy Horse aux bruits des punchlines dans Boxing Gym, à cette atmosphère austère dans Juvenile Court m’a donné envie de poursuivre mon exploration.
J’ai donc réussi à me procurer Juvenile Court, Primate et Welfare et vais pouvoir continuer ce merveilleux voyage en compagnie de Frederick Wiseman. Il n’est jamais visible dans ses films mais le regard du cinéaste à travers le viseur de la caméra nous arme pour prendre de la distance avec nos idées préconçues et nos jugements faciles. Nous avons désormais les clés pour nous interroger.
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Frederic Wiseman, À l’Écoute de Laura Fredducci, Quentin Mevel, Séverine Rocaboy
Éditions Playlist Society – 24 octobre 2017