Une rétrospective de l’œuvre de Garry Winogrand (1928-1984), célèbre photographe « de rue » américain est exposée en ce moment au Jeu de Paume. L’exposition, qui est la plus vaste à ce jour, vaut vraiment le détour. Elle se décline en trois parties : « Du Bronx à Manhattan » qui rassemble les photographies prises à New York de 1950 à 1971 ; « C’est l’Amérique que j’étudie » qui présente des photos prises à la même période mais en dehors de New York ; « Splendeur et déclin » qui concerne les œuvres réalisées au Texas et à Los Angeles.
Garry Winogrand était américain. Il a passé sa vie à photographier la rue sous toutes ses coutures. Malheureusement il est mort beaucoup trop tôt, en laissant un tas de photos inédites non développées. Cette exposition permet d’en présenter une bonne partie, ainsi que d’autres qu’il n’avait jamais pris la peine de publier, d’exposer, voire même de trier !
Ses photographies sont une véritable découverte et un gros coup de cœur pour moi : dès l’entrée, j’ai été subjuguée par leur beauté et leur pouvoir émotionnel. Elles ont la capacité de nous faire remonter le temps et nous présentent une Amérique différente, très éloignée des habituels clichés. L’exposition est une véritable promenade dans les rues de New York dans les années 1960 où les prises de vues semblent avoir été effectuées « à la volée ». Ce sont des scènes du quotidien, prises sur le vif. Cependant, une certaine partie des clichés représente la vie politique, puisque toute sa vie, Garry s’y est intéressé. Pour lui, la rue (peut-être même la société, par extension…?) est un véritable théâtre, lieu de drames et joyeusetés.
« Parfois c’était comme si […] le monde entier était une scène pour laquelle j’ai acheté un billet […]. Un grand spectacle qui m’est destiné, comme si rien ne se produirait si je n’étais pas sur place avec mon appareil. » G.W
Outre les photographies, sont exposés des documents sur l’enfance et la vie de Garry, par petites touches, assez drôles parfois, comme cette lettre de rupture qui lui avait été adressé par une ex-petite amie en colère. Un espace est dédié à la projection d’une interview filmée de Winogrand, répondant avec nonchalance aux questions du public. Au dernier étage du Jeu de Paume, on découvre une Amérique plus triste, marquée par la guerre, ainsi qu’une série de portraits très éloignés de la foule citadine des premières œuvres. Comme si les individus attendaient de Garry qu’il soit le témoin de leur détresse.
New York World’s Fair, 1964, Garry Winogrand – Tirage gélatino-argentique.
New York, 1969, Garry Winogrand – Tirage gélatino-argentique.
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« Le fait de photographier une chose change cette chose […]. Je photographie pour découvrir à quoi ressemble une chose quand elle est photographiée. » G.W
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Los Angeles, 1964, Garry Winogrand – Tirage gélatino-argentique.
Albuquerque, 1957, Garry Winogrand – Tirage gélatino-argentique.
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L’exposition est visible au Jeu de Paume (Paris), du 14/10/2014 au 08/02/2015.